Au fil des années, quand on ponce absolument toutes les sorties et tous les objets audiovisuels possibles et imaginables, il est difficile de voir des images inédites qui pourrait émouvoir mon esprit cynique.
Comme Nope avec le genre western il y a quelques années, Sinners reprend les codes bien établis du film de monstre en y amenant un vent frais afro-américain enthousiasmant. A l'image de sa scène de blues, Coogler livre une oeuvre qui s'inspire des cultures passées en y ajoutant une modernité et un regard différent.
Pendant plus d'une heure, le récit se met en place, à la manière d'une série, pour nous faire connaitre chaque personnage en profondeur, de son origine à ses motivations les plus profondes. Le cadre est planté, Coogler ne veut pas d'un slasher terrifiant de 1h30 sans fond où chaque personnage n'est rien d'autre que de la chair à canon pour les forces démoniaques qui rodent. Certains pourront lui opposer que cette partie manque de rythme mais j'y vois surtout une ambition de faire un récit profond sur des personnages qu'on a très peu l'occasion de voir au cinéma.
Bien évidemment, la scène de blues est une folle réussite qui rend hommage à toute une culture à travers les âges dans une mise en scène onirique qui m'a totalement cloué. Un moment magique qui justifie totalement un abonnement Pathé plus du tout utilisé depuis quelques temps.
Une fois tout le décor planté, on a une certaine réjouissance à retrouver les codes du vampire et de l'épouvante avec certaines scènes de tension bien menées. Bien entendu, Coogler n'échappe pas aux défauts du genre, entre surenchère et effets spéciaux mal sentis. Un film de vampire doit rester un film de vampire: un peu kitsch ?
Les derniers instants Tarantinesques, apparaissent comme un plaisir aucunement boudé du réal de mettre en avant Michael B. Jordan en James Bond destructeur. Après nous avoir tenu en haleine pendant 2h, laissons-lui ce kiff, king.
Composé d'acteurs pour la plupart méconnus, le film est aussi une libération pour mes yeux qui en ont assez de voir les mêmes visages toutes les semaines. Etant moi-même d'origine africaine (mon arrière-arrière-arrière grand-mère est née en Afrique), c'est aussi enthousiasmant de voir plusieurs typologies de personnages de couleurs dans un seul et même film.
Finalement, Sinners est ce film qui s'inspire parfaitement de ce qui s'est fait de mieux tout en l'adaptant à une sauce encore très peu vue au cinéma (majoritairement blanc). Le film ne révolutionnera absolument rien mais se laisse quand même dévorer à pleines dents comme le sandwich triangle qui m'attend pour ce midi.