For me fort minable

On a parlé pendant des mois d'Aya mais c'est bien Grand Corps Malade qui a massacré Aznavour.

Grand fan d'Aznavour et fier montmartrois (le melon du type), c'est dès la séance du mercredi 10h que je viens voir les comédiens. Ce mercredi 23 octobre, une décision a été prise à la rédaction : ne plus jamais aller voir de biopic.

Monsieur Aznavour est un film qui tombe dans absolument tous les pièges du biopic. On prend un artiste à succès, on parcourt sa page wikipédia, on fait une scène par rubrique et on embauche un acteur en plein method acting. Avec cette recette, on devrait connaitre un succès facile. Evidemment, rien qu'au nom d'Aznavour, le film attirera les foules.

S'il vous plaît n'y allez pas. Il est temps d'en finir avec les biopics.

Mes amis, mes amours, on s'emmerde

On a l'impression que si l'on signe un biopic, on est obligé de mettre TOUTES les oeuvres de l'artiste. Si tu fais un film sur Aznavour, il faut donc me mettre l'origin story de chaque chanson, montrer qu'il a vécu la guerre mais assez rapidement pour pas qu'on soit trauma, montrer qu'il a eu des femmes mais dont on se fout total parce que le film s'appelle MONSIEUR Aznavour. Je scroll la page wikipédia... ah mais oui il a joué dans Tirez sur le pianiste. Okay on fait une scène avec le décor du film, mais pour ceux qui ont pas la ref on va mettre un figurant qui va montrer discrètement la pancarte du film et on va bien dire qu'il y a François Truffaut dans la scène. Interêt pour le film ? 2 minutes de perdues mais au moins c'est coché.

Des chansons d'amour ? ahah il est marrant

Bourré de petits clins d'oeil, pendant une grande partie du film on a même l'impression d'être dans un Marvel. On a absolument besoin de nous mettre du people au mètre carré et nous annoncer leur présence comme dans les dîners nobles du 18ème siècle. Sinatra, Bécaud, Truffaut, Johnny... Tous n'ont aucun intérêt pour le film mais il faut bien name drop dans un biopic.

Le film ne choisit donc aucune vision, aucune partie de la vie de Aznavour, aucun thème et se contente d'être descriptif et passif sur une vie qui défile en délivrant des clins d'oeil sur la suite de sa carrière. Comme la grande majorité des biopics.

Comme un pauvre clown malheureux

Que serait un biopic commercial sans son atout phare, le method acting ? On va chercher un acteur qui a la cote et lui demande de singer la célébrité. C'est exactement ce que fait Tahar Rahim, on le regarde se débattre avec le rôle comme il peut, avec très peu d'armes. On prend le risque de ne mettre que lui dans le film, personne ne viendra lui faire de l'ombre, il n'y a pas un plan sans lui et c'est bien ça tout le problème, le film en finit vide comme Paris au mois d'août.

Bien qu'on ait eu des pépites dans le genre, Rocketman et sa comédie musicale, Gainsbourg et son double maléfique ou Walk The Line avec son focus sur la relation avec June Carter dont je n'ai rien oublié, un nouveau biopic est donc tombé au combat. N'ayant aucune ambition a part enchaîner des images et des disques, c'est l'ennui profond pendant 2h10. Montmartre semble triste et les lilas sont morts.

Je voudrais pouvoir un jour enfin te le dire, d'arrêter les biopics, dans la langue de Kubrick.