Il y a des promos si puissantes qu'elles nous font oublier les derniers films de réalisateurs. Après avoir été profondément dévasté devant la grossièreté et le néant que représentait The Northman, je me retrouve une nouvelle fois devant une oeuvre de Robert Eggers. Ce n'est que 5 minutes après l'extinction des feux que je me rends compte de l'erreur commise.
Robert Eggers base tout son cinéma sur un style si fort qu'il vous attire dans les plus sombres des univers pendant 2h. Les images sont belles, on nous dit qu'il utilise un filtre qui réplique l'effet de la lumière de la lune sur ses plans. La musique est pesante, les ralentis sont nombreux pour nous faire comprendre qu'il s'agit d'un conte tout de même épique. L'effroi est de tous les instants, tout est sombre, important.
C'est ici mon premier problème, le nouveau concept de "elevated horror". Pour ne pas être associé à la plèbe qui irait voir des films d'horreur moindre comme "Terrifier 3" ou un énième Conjuring, on invente un nouveau genre qui nous permettrait d'assouvir nos besoins d'horrifiques et nos pensées les plus sombres tout en restant des cinéphiles respectables. Non, mesdames et messieurs, je ne vais pas voir n'importe quels films. I need "mise en scène". Le soucis, c'est qu'hormis un style indéniable, il manque beaucoup à cette oeuvre.
Sûrement un meilleur casting tout d'abord : Lily Rose-Depp n'a clairement pas les épaules pour le rôle, là où Eggers avait fait appel à Anya Taylor-Joy auparavant. Aaron Taylor Johnson est totalement à côté malgré son capital sympathie et le casting n'arrive pas à s'insérer dans ce lugubre univers.
Bien que l'ambiance morbide soit bien retranscrite, Nosferatu n'arrive qu'à nous faire une introduction et l'on attend bien longtemps le moment qui nous marquera. Le climax (c'est le cas de le dire) n'est finalement qu'une histoire de qui aura la plus grosse entre son ex et moi. Après 2h d'attente, on m'explique que ce qui importe c'est une vulgaire guerre de zizi entre un agent immobilier et un vampire. Dans cette scène qui doit être le point culminant du film, les acteurs sont malheureusement à l'envers parce que l'on touche à l'absurde le plus profond pour une histoire de bodycount. On convoque plus l'exorciste que le gothique et le charme est rompu.
Malheureusement, on en vient à se dire que le cinéma d'Eggers n'est que consommation. Piqués dans nos égo de cinéphiles, on y va de bon coeur. Il pourrait nous vendre n'importe quoi avec ces belles images, Bob. Mais une fois le mariage consommé on se retrouve sur le lit, inerte et la peau sur les os, comme si l'on avait passé 2h à attendre l'inattendu. On a sacrifié son temps dans l'espoir d'y passer un grand moment. On ne reviendra sûrement pas à Wisburg.