Après l’échec commercial de The Northman, censé incarner “le Gladiator de la nouvelle génération”, Robert Eggers était prévenu, son cinéma austère et ampoulé allait devoir puiser dans la folie du final de The Lighthouse pour irriguer un récit vampirique usé jusqu’à la corde. En effet, entre le théâtre d’ombres de Murnau et l’érotisme de Coppola, le mythe du vampire a probablement déjà tout raconté, ou presque. Hélas, Robert Eggers ne semble jamais trouver la solution d’une délicate équation consistant à réactualiser son Nosferatu, à lui donner un sens près d’un siècle après la version de Murnau. Trop long, trop lent, trop emphatique, son Nosferatu ressemble à une interminable introduction, à l’ambiance stylisée à l’extrême. Esthétiquement c’est très beau, mais on s’ennuie poliment en attendant que l’explosion survienne… en vain, elle ne survient jamais. Certes, le film est parsemé de jolies scènes, de quelques frissons, on sent l’esthète qui se cache derrière la caméra, beaucoup moins l’auteur derrière un scénario qui ronronne sévère. Trop bavard, on en vient rapidement à regretter la version muette de Murnau. Constat d’autant plus accablant que le film repose sur un casting un peu suicidaire. Est-on vraiment certain que Lily-Rose est véritablement actrice, que Nicholas Hoult et Aaron Taylor Johnson ont les épaules pour un tel exercice de style ? Pas sûr.