Instigateur potentiel du long plan-séquence analogique Miklos Jancso tourne Sirocco d'Hiver à la toute fin des années 60, s'intéressant encore et toujours au passé et à l'Histoire de son pays.


En un peu plus d'une dizaine de plans-séquence purement et simplement collés les uns aux autres afin d'en faire 70 minutes de métrage quasiment exemptes de montage le célèbre et regretté réalisateur hongrois poursuit sa sempiternelle étude des révoltes et autres révolutions humaines, répétant les mêmes oppositions entre pouvoir et soumission, oppresseurs et opprimés... Disons le tout à trac : sur le plan essentiellement technique Sirocco d'Hiver est un pur objet de fascination, formant un très grand film de cinématographie. Virtuosité d'une caméra régulièrement mobile, suivant à la trace les personnages dudit métrage ; scénographique circulaire, échelonnant ses valeurs de plans dans une spatialité renversante ; rigueur formelle transformant la réalisation en véritable prouesse débarrassée d'esbroufe... Miklos Jancso n'épargne rien au profit du hasard, ne se désolidarisant d'aucune façon de son Sujet puisque celui-ci fait intégralement corps avec son troisième oeil...


Immense film donc, paradoxalement trop aride et redondant pour véritablement bouleverser sur la durée. Médusant, abscons et nébuleux le scénario de Sirocco d'Hiver pèche par excès de schématisme et de puissance abstractive : à peine comprend-on l'idée d'un complot ourdi contre la figure de Marko, esprit bouillonnant sous une tête froide clairement vindicative, et celle d'une insurrection politique mâtinée de calculs meurtriers... Le film fascine par sa maîtrise technique en même temps qu'il indiffère par son absence d'émotions, trop froid, trop figé pour réellement outrepasser le simple stade du bel objet filmique. Grand mais lassant.

stebbins
7
Écrit par

Créée

le 26 déc. 2020

Critique lue 142 fois

stebbins

Écrit par

Critique lue 142 fois

D'autres avis sur Sirocco d'hiver

Sirocco d'hiver
stebbins
7

Sacheur dans la neige...

Instigateur potentiel du long plan-séquence analogique Miklos Jancso tourne Sirocco d'Hiver à la toute fin des années 60, s'intéressant encore et toujours au passé et à l'Histoire de son pays. En un...

le 26 déc. 2020

Du même critique

La Prisonnière du désert
stebbins
4

Retour au foyer

Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...

le 21 août 2016

44 j'aime

9

Hold-Up
stebbins
1

Sicko-logique(s) : pansez unique !

Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...

le 14 nov. 2020

38 j'aime

55

Mascarade
stebbins
8

La baise des gens

Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...

le 4 nov. 2022

34 j'aime

6