Cette fille du passé qui m'empêche de saisir pleinement la femme de ma vie.

En s'inspirant d'un épisode de sa propre vie, Manu Payet a pris le risque d'entremêler le mélo à la pure comédie. Finalement, la sauce prend plutôt bien même si le début du film pouvait nous faire supposer une redite de l'histoire d'un homme qui n'a pas réglé une blessure narcissique à cause d'une beauté de lycée.
Il n'en est rien car l'acteur/humoriste/réalisateur a appris à temporiser, à poser ses gammes de jeu. Ici, Manu Payet s'amuse avec la dualité des deux femmes que son personnage aime ( la Française authentique,timide et naturelle face à la franco-américaine à l'aise,sophistiquée,communicante), des personnages "bigger than life" ( le beau-père artiste-peintre excessif et le meilleur ami inattendu). Son propos demeurant que la vie est un joyeux bordel où tout peut arriver.
De plus, Manu Payet aime à utiliser une comédie intelligente, où après des moments peu glorieux, ses personnages arrivent à comprendre ce qui leur arrive, sans tomber dans la caricature outrancière. Dans cette ambiance, le spectateur rit, s'émeut et se laisse embarquer par les péripéties de Benjamin Rivière et compagnie. Cette fameuse "impulsion loufoque" dont parlent les critiques pro. C'est précisément ce qui avait fait le succès d'une autre comédie dans le même ton: Un bonheur n'arrive jamais seul avec Gad Elmaleh et Sophie Marceau.
Dans un contexte purement cinématographique, je suis tenté de dire que Manu Payet s'est offert un film et un rôle qu'on ne lui a jamais proposé. En effet, souvent utilisé comme faire-valoir comique à la radio ou à la télévision, on ne voyait pas l'homme taillé pour du dramatique.Et des films comme Radio Stars lui ont permis d'évoluer. Il serait donc temps que des réalisateurs bankables donnent des rôles consistants à cet artiste abordant quasiment la quarantaine.