Premier film de Lynch, cette peinture animée réalisée l’année de ses 20 ans condense trois supports affectionnés par Lynch (peinture, cinéma, sculpture). Six Figures témoigne de ses recherches esthétiques déroutantes ; récompensé d’un prix jeune talent, cette production improbable était destinée à être diffusée sur un écran spécial se modulant selon les formes torturées.
Déclinaison des mêmes motifs, sur un son de sirène insinuant un sentiment de panique alors que la mise en scène est clinique et sauvage, la caméra inerte. Des visages ou bustes gravés semblent dégobiller leur cœur ou leurs tripes, leurs bras viennent régulièrement recouvrir leurs visages.
Certains le jugeront hypnotique, d’autres irritable. C’est en tout cas de l’expérimental brut de décoffrage, répétitif, inhumain mais curieux, créatif mais rigide, barré mais univoque.
Pas de signification ni de propos ; c’est la décomposition et la recomposition qui fait sens. Six figures getting sick ausculte le travail physique d’un esprit malade et focalisé. L’approche est glacée, péremptoire, techniciste. L’autisme de Lynch et son incitation à l’extase annonce le caractère mystificateur et individualiste de son œuvre en général, mais de ses courts-métrages en particulier.
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