Voici la toute première incursion de David Lynch dans l'univers du Septième Art : une peinture en mouvance morbide et savamment répétitive déclinant un "homme malade" sous six coutures interchangeables. Représentant une figure exécrant quelque gerbe de couleur violâtre suivie de ses cinq variations visuelles ledit film s'agit d'une authentique installation cinématique proposée sous la forme d'un split-screen divisant l'écran en six tableaux longilignes, dispositif aux allures de conte expressionniste se répétant à la manière d'une saisissante imprécation.
A l'image des visions déformées, torturées d'un Edvard Munch ou d'un Francis Bacon celles de David Lynch partent d'un motif à la fois rudimentaire et fascinant ( un homme malade, ni plus ni moins...) vampirisant littéralement le support pelliculaire pour mieux contaminer nos yeux et nos oreilles ; également accompagné d'une sirène d'alarme ininterrompue Six Figures Getting Sick s'agit d'un court métrage envoûtant et désarçonnant qui cultive une esthétique de la laideur proprement réverbérante et inoubliable. En quatre minutes à peine le futur auteur de Eraserhead impose déjà tout un univers mêlé de stimuli horrifiques et de poésie organique plastiquement très élaborée... et c'est redoutable ! A voir absolument.