Critique de Sixième édition par cathVK44
Une femme à la une pour braver une société masculine conservatrice. L’insoumise Bette Davis affirme déjà son indépendance et sa singularité.
Par
le 11 sept. 2024
"C'est la première fois que je vois un gorille qu'on aurait rasé"
(Je ne spoile quasi pas)
Bette Davis joue une journaliste qui a du mal à se faire accepter à son journal qui non seulement pense que ce n'est pas la place d'une femme mais que de toute manière, juge aussi (à tort) qu'elle n'est pas très bonne.
Elle insiste et persiste avec humour et amour, car elle aime un autre journaliste.
Elle passe le test d'assister à l'execution d'une condamnée à mort pour le meurtre de son amant.
La chaise électrique nous reste à nous hors-champ alors que nous voyons les effets de cette vision et experience sur les autres journalistes endurcis: alcool, fatigue etc.
Elle veut avoir un scoop.
Et rentre particulièrement en concurrence avec un journaliste d'un autre journal. Joué par un George Brent qui ne m'a hélas pas emballé au contraire de son collègue photographe souffre-douleurs malin, marrant Roscoe Karns.
Bette et Georges sont amoureux mais elle veut aussi qu'il la respecte professionnellement. Genre Mr. & Mrs. Smith, mais journalistes
Ils s'espionnent, jouent de leurs relations pour avoir des infos avant l'autre.
La fin justifie les moyens parfois ignobles.
Par exemple, il s'introduit dans une morgue ou espionne un jury!
Un peu comme le journaliste corrompant le directeur avec des tickets de baseball gratuits dans 'L'inexorable enquête' de Phil Karlson (1952), autre film choisi par le Cinéma de Minuit.
Ici, il fait prendre en photo par un collègue "l'infirmière" (l'actrice surjoue) de la morgue pour la distraire et l'éloigner. Un procédé qui revient d'ailleurs trop souvent dans le film: distraire une personne par la promesse d'une photo. Même si l'acteur jouant le photographe est drôle et crédible, un Roscoe Karns: on le voit aussi être une fourrière humaine; deux policiers lui ordonnant de pousser une voiture jusqu'au garage, mais il tombe dans un égout, comme son journal?? Message du réalisateur??
Suite à un quiproquo, le photographe est même confronté au fiancée d'une pseudo Française (elle joue faux): un géant Chaînon Manquant
"C'est la première fois que je vois un gorille qu'on aurait rasé"
Le "fouille-merde&morgue" espionne les délibérations d'un jury, genre 12 +1 hommes en colère
Et encore pire, une fois leur verdict enfin atteint, il transmet aussitôt à sa rédaction AVANT même que le juge, l'accusé et le tribunal ne connaissent la décision.
Pire il décide ensuite de truquer les bulletins pour faire croire à une décision contraire et induire en erreur sa concurrente qu'il sait va aussi le suivre et aussi oser aller dans la salle du jury.
Ces faux bulletins de jurés que fabriquent le journaliste pour planter une autre journaliste qui en tout bonne foi nous donne alors l'info rappelle ce qui s'est passé à une important figure du journalisme Américain, Dan Rather, dans les années 2000 : pour semer le doute sur sa carrière et ses différentes enquêtes, son équipe et lui sont tombés dans un piège en ayant pourtant suivi ce qui étaient alors les bonnes procédures.
Mais on leur avait, en très très gros, fabriqué de "faux bulletins" aussi : c'est devenu un verbe, se faire Dan Ratherer.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Bette Davis et Cinéma de Minuit: merci Patrick Brion
Créée
le 4 déc. 2020
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