Comme tous les films qui ont marqué leur époque, et engendré trop de copies et de parodies, "le 6ème sens" est désormais usé : car combien de fois peut-on encore se laisser étonner par cette fin qui fut un jour, ne l'oublions pas, réellement stupéfiante ? Alors que nous reste-t-il du premier coup de maître de Shyamalan : sans doute surtout le sentiment d'une insondable tristesse, qui déborde de chacun des personnages, enfant comme adultes, tous accablés par un sentiment de perte irrémédiable… Perte de l'être aimé, perte de l'espoir d'être un jour entier à nouveau, perte de l'innocence bien sûr. La mise en scène de Shyamalan n'a pas encore la maîtrise qu'on pourra admirer (en fait dès le film suivant, le magistral "Incassable"…), mais suit avec discrétion, presque humilité, les trajectoires dépressives de ses héros à travers le dédale d'une ville grise. [Critique écrite en 2012]