Plus de 20 ans se sont écoulés depuis la sortie du Sixième Sens, et son principal interprète s'est changé en barbu potelé dont le visage est deux fois trop petit pour la tête. Il est temps de faire le point sur le premier et seul vrai succès de Shyamalan qui continue de nous pondre tous les deux ans des films au pitch enthousiasmant et à l'exécution médiocre.
Car s'il y a bien une évidence dans sa filmographie, c'est que le Sixième Sens reste son unique chef-d'œuvre : au mieux, une anomalie et au pire, un heureux accident. 20 ans plus tard, le Sixième Sens reste le meilleur twist final que j'ai vu dans un film, et ce n'est pourtant pas la concurrence qui manque.
Le twist en lui-même n'est ni spécialement original, époustouflant ou difficile à croire. Ce qui continue de me fasciner, c'est l'audace presque vexante avec laquelle le script nous tartine la vérité au visage, sans vergogne ni prudence, pour un effet maximal au moment de la révélation. Durant plus d'1h30, on voit Bruce Willis côtoyer d'autres personnages dans un silence gênant, ne jamais parler à qui que ce soit et se faire ignorer par la terre entière.
On le voit aussi se faire révéler par Cole toutes les ficelles de l'intrigue, les clefs du twist, les indices auxquels faire attention, mais ça ne m'a pas empêché de marcher en plein dedans, tout comme les diverses personnes avec lesquelles j'ai vu le film. A ce titre, le film est presque plus impressionnant au second visionnage, quand on peut mesurer l'ampleur du tour de force.
Et j'insiste parce que j'en ai vu, des films à twists qui glissaient deux indices ici et là et dont la révélation tombait comme un pétard mouillé. J'ai aussi vu beaucoup d'entre-deux, où la révélation choque sans pour autant qu'on se dise "mais bordel, c'était JUSTE SOUS MES YEUX." En cela, le Sixième Sens est un authentique tour de prestidigitation cinématographique, qui joue sans cesse avec le feu tout en détournant notre attention.
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A côté de ça, c'est aussi un film fantastique à l'ambiance intrigante et à la réalisation efficace, quoique sans génie. Bruce Willis est convaincant dans un rôle plus placide qu'à l'accoutumée, mais c'est surtout Haley Joel Osment qui défonce tout avec une performance improbable pour un gamin de son âge.
L'histoire est aussi bien plus touchante que ce dont je me souvenais, et si j'ai eu les yeux moites une paire de fois avant la fin, c'est uniquement parce que je croque des oignons crus pour me désaccoutumer du popcorn.