«Tu es psychiatre et tu es incapables de voir la détresse de ta propre femme !»
Après une apocalypse due à l'atmosphère irrespirable, les rares survivants se retrouvent à Budapest, protégés par un dôme encapsulant la ville. C'est là qu'un jeune psychiatre apprends que sa compagne se laisse mourir, elle s'est en effet portée volontaire pour être tuée prématurément et changée en l'un de ces étranges arbres dont les feuilles, cueillies et recyclée servent de nourriture pour les vivants de cette métropole sous cloche, où l'on n'a plus le droit de vivre à 50 ans. Il va l'arracher in extremis de cette serre gigantesque et s'échapper dans un désert à perte de vue. Il tentera de la sauver malgré elle en cherchant un légendaire scientifique capables de la soigner.
«White Plastic Sky» titre international plus beau que celui choisi par le distributeur français désignant ce dôme, protecteur autant qu'épée de Damoclès.
Si sur le papier, il peut laisser penser à un simple mashup entre «L'Age de cristal» et «Soleil vert», le premier long du duo hongrois Sarolta Szabo et Tibor Banoczki (réalisatrice et réalisateur eux-mêmes presque quinquas...) s’éloigne de toute influence américaine, pour plutôt puiser dans la SF est-européenne et japonaise rappelant «Origine» de Keiichi Sugiyama, voire les œuvres les plus contemplative et (très) perchées de Mamoru Oshii comme «The Red Spectacles» ou «Garm Wars».
Post-apo comme on en a jamais vu : Sentimental sans jamais être niais, intimiste sans jamais être misérabiliste. Traçant un parallèle entre le deuil d'un enfant et celui de l'espèce humaine.
Cette humanité qui a épuisé la nature pour se goinfrer se retrouve en dernier recours, obligée de la nourrir en retour, lui donnant ses propres vies en offrande pour survivre. Croyant être sauvée elle ne fait que retarder l'inéluctable.
C'était je crois c'est Jean-Pierre Dionnet qui définissait le plus joliment le genre post-apocalyptique : «La fin du monde a déjà eu lieu, maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?».
Voilà pour le fond. Pour la forme, c'est un peu plus délicat : Le mélange de personnages en 2D et de décors en 3D détache un peu trop les premiers de leur environnement. On a droit à quelques foules en 3D très rudimentaires qui heureusement disparaissent assez vite.
La rotoscopie totale* a toujours été une technique très délicate pour donner une présence physique et de la beauté aux personnages. L'animation est tiraillée entre l’abstraction de l'animation 2D et le photoréalisme. L'expressivité des personnages se perd avec une surcharge de contours sur des aplats de couleurs et une absence quasi totale de gestion de la lumière.
On s'approche plus du vilain «Téhéran Tabou» sans tomber aussi bas que lui, que des meilleurs travaux de Ralph Bakshi comme «Tygra - La glace et le feu» ou le méconnu «American Pop».
Les décors en 3D ne cherchent pas le photo-réalisme (que le budget ne permettrait pas), préférant une esthétique proche de «Ghost in the shell 2» en moins foisonnant.
Même si le rythme et l'atmosphère générale laisseront bien des spectateurs sur le bord de la route. Je vous encourage vivement à aller voir «Sky Dome 2123» la semaine de sa sortie, c'est un film unique, touchant et mature. Possiblement une date dans l'histoire du cinéma de science-fiction.
L'Homme est mort mais il ne le sais pas encore.
*Par rotoscopie totale, j'entends décalquage entier des acteurs : Micro-mouvements du visage, de la pilosité et des vêtements retranscrits dans les moindres détails.
P.S. Pour comprendre mon titre, attendez de regarder le film.