Quand on ne voit aucun intérêt à la démarche cinématographique de "l'auteur"/ "L'Apollonide" raté (a
Parfois, un film atteint un tel degré de nullité qu'on en rit. J'ai beaucoup ri.
Totalement dénué de sens et dépourvu du moindre intérêt, Sleeping Beauty est un objet cinématographique hybride qui oscille entre complaisance malsaine, pseudo-esthétisme consternant et ambitions auteuristes affligeantes.
Le spectateur, lui, est perdu au milieu de tant de gratuité et de lubricité injustifiée, sans compter par ailleurs que le film, au delà de sa stupidité et de sa prétention abyssales, est de surcroît quasi-incompréhensible.
La réalisatrice, sans doute par volonté stylisante, ne situe aucun de ses protagonistes, fait s'enchaîner des scènes dont on ne saisit pas le but, et les relations parfois ambiguës qui lient les personnages entre eux ne sont jamais explicitées (le meilleur exemple étant celui de Lucy et Birdmann).
Tous ces effets de mises en scène, en plus d'être vains, transpirent le ridicule et portent en eux l'ambition ratée de Julia Leigh, qui, au lieu d'extraire la grâce des instants qu'elle nous donne à voir, en fait ressortir l'artificialité et l'inutilité.
A ce stade, un tel ratage mérite bien quelques égards bienveillants. C'est pourquoi, par souci de correction, il est important de souligner les qualités du film.
Dans un premier temps, saluons la prouesse opérée par Julia Leigh, qui est parvenue à faire de grandes économies sur les costumes, l'actrice principale étant la plupart de temps nue, ou légèrement vêtue. Intention louable donc, que celle de réduire au maximum le budget vêtement alloué au film.
Economie d'idées également, puisque le film repose sur la base d'un scénario assez mince qui n'est étoffé que par les affligeantes fantaisies de pépés frustrés, qui se laissent tantôt aller à des monologues soporifiques, tantôt à une vulgarité crue et sale.
Etre économe, voilà donc une qualité appréciable, surtout en ces temps de crise.
Humilité et modestie ensuite, puisque Julia Leigh, qui n'en est ici qu'à son premier film, réalise l'exploit, du premier coup, de réussir un échec total, sur tous les plans, tandis que certains mettent des années avant d'y arriver laborieusement.
Très investie et perfectionniste, il semble qu'elle n'ait négligé aucun détail pour donner à son "oeuvre" toutes les chances de figurer parmi les films les plus médiocres de l'année. Elle ne s'en trouve d'autant plus méritante, qu'elle est également l'auteure du scénario, simplement magnifique. C'est donc seule, sans l'aide de personne, que Julia Leigh est à l'origine d'un tel fiasco, or, malgré un pareil coup de maître, la principale intéressée reste assez discrète sur ce sujet dans les médias. Ne pas se mettre en avant et laisser son film parler de lui-même, voilà une autre qualité tout à fait remarquable.
L'actrice, quant à elle, également très impliquée, a montré avec courage qu'être comédienne, c'était se mettre à nu, au propre comme au figuré. Mais surtout, Emily Browning a voulu prouver qu'elle était talentueuse et téméraire, elle est allée jusqu'au bout du rôle, acceptant, au nom de l'Art, de se faire lécher par un vieux en rut, traîner par terre par un second, et tripoter par un troisième; mettant sa pudeur de côté au service de la noblesse créatrice.
Pour conclure, Julia Leigh, qui voulait apparemment faire un film sur la condition des femmes dans la société actuelle en dénonçant la culture de la "femme objet", tout en montrant la beauté d'un corps féminin à l'abandon, a subtilement dévié de sa trajectoire initiale pour finalement s'orienter vers la question de la gériatrie et de la gérontophilie, traitant également avec habileté, et de manière détournée, la question de la perversion, mais aussi de la nécrophilie.
Tant de thèmes plus sublimes les uns que les autres donc, qui donnent forcément envie de découvrir ce film merveilleux.