Dans une Nouvelle Zélande sous la menace grandissante d’une guerre civile, le pauvre Sam Neil, mari trompé, fuit son domicile, accompagné par son seul toutou, pour aller se ressourcer en pleine nature. Décidément dans une série poissarde sans précédent, il se trouve pris malgré lui entre des forces de l’ordre particulièrement zélées et des anciens copains résistants bien décidés à renverser un ordre trop établi.
Dit comme ça, le pitch paraît simple, mais pourtant Sleeping dogs est assez délicat à cerner, la faute à un script farci d’ellipses narratives. La première demi-heure est à faire fuir le plus cartésien des esprits. Il faut en effet accepter de se laisser porter et de s’en remettre à ses hypothèses : les réponses, sont programmées pour un peu plus tard, enfin quand il y en a...
Pour son premier film, Roger Donaldson est en effet plus intéressé par le sous-texte qu’il met en place que par la cohérence de son histoire, à savoir une réflexion, un peu poussive certes mais que l’on sent sincère, sur le devenir d’un état policier lorsque certaines barrières morales sautent et que les esprits s’échauffent un peu trop.
Comme pour se faire pardonner du manque de fluidité de son montage, Donaldson épuise le moindre dollar de son budget. Sa mise en scène est hésitante, mais personne ne pourra lui reprocher son manque d’implication : course-poursuite, passage au bagne bien glauque (grosse influence de Papillon de Schaffner), cavalcade en pleine jungle à la sauce film de guerre, il s'essaye à tout et visuellement parlant, certains passages font leur effet. Pour un premier film, Sleeping Dogs est particulièrement teigneux, de quoi forcer le respect malgré ses évidents défauts, sa fin je-m'en-foutiste notamment, qui donne l’impression de surfer gratuitement sur la radicalité du nouvel Hollywood.
Le vilain militaire qui reproche au mec qu’il vient de buter d’une balle dans le dos, de ne pas rester en vie, c’est pas mal !
C’est aussi le premier rôle marquant de Sam Neil qui donne tout ce qu’il peut. Son physique filiforme et sa ganache apathique servent à merveille ce pauvre bougre un peu hagard, dépassé par les événements, qui ne demande qu’une seule chose : qu’on le laisse peinard sur son île, loin de tout et surtout de ce monde politique qui lui veut bien du mal.
J’ai une réelle sympathie pour ce petit film couillu qui manque simplement de maîtrise et d’une petite rallonge en dollars. Et puis rien que pour la trogne patibulaire de Warren Oates qui débite de la punchline qui tue — le chenapan accepta en grande partie le rôle pour profiter de l’exotisme de la nouvelle Zélande —, le voyage vaut le détour ! :)