La gloire de mon père
Jean-François Laguionie raconte son enfance (10 ans en 1949), au bord de la Marne, pendant laquelle son père (non biologique), représentant de commerce en vins et spiritueux, au volant d’une 4CV,...
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le 28 oct. 2024
Il y a de ces noms qui ont marqué l'histoire du cinéma d'animation français, et que l'on recroise dans la grande majorité des livres théoriques ou historique sur l'histoire du cinéma d'animation français. Si certains sont devenu des légendes et peuvent être parfois reconnu aux yeux du grand public (René Laloux, Paul Grimault, Michel Ocelot), d'autres sont plus discret car n'ayant pas eu une couverture médiatique suffisante sur leur nom, ou bien que le secteur ne les ont pas encore assez reconnu lors de palmarès en festival. C'est le cas de Sylvain Chomet dont on connait surtout pour Les Triplettes de Belleville ou pour l'Illusionniste après une période assez longue d'inactivité dans le secteur (mis à part la réalisation du clip Carmen de Stromae), Florence Miailhe qui a surtout enchainé les distinctions pour des courts métrages avant de réaliser son premier long métrage que très tardivement, ou encore Jean-François Laguionie. Âgé maintenant de 84 ans, Jean-François Laguionie s'est imposé comme l'un des plus grands réalisateurs de films d'animation français vivant, développant son style et sa technique en fonction de l'évolution du médium, expérimentant dès 2012 les premiers essaies d'animation 3D épousant un aspect 2D. Avec 7 longs métrages et plus d'une dizaine de courts métrages, Jean-François Laguionie est un réalisateur qui impose le respect et qui, logiquement, s'est retrouvé en sélection officielle cannoise parmi 5 autres films d'animations (Angelo dans la forêt mystérieuse, Anzu chat fantôme, Sauvages !, Flow, et Cilex and the city le film) en cette année 2024. Dans ses derniers films (notamment Louise en Hiver) semblait entamer un voyage introspectif, ainsi qu'un bilan de sa propre carrière, et il n'était pas étonnant qu'un projet comme Slocum et moi puisse voir le jour. Aimant le style graphique, aimant la mer et les bateau, aimant les récits biographique venant du passé comme The Fabelmans et n'ayant jamais eu l'occasion de voir un film de Jean-François Laguionie, Slocum et moi faisait parti de mes plus grosses attentes de la compétition d'Annecy 2024.
Il est indéniable que le film sait introduire son récit et son univers avec la manière. Dans un montage enchainant plusieurs transitions pour faire apparaitre petit à petit son univers, le tout introduit par le doppelgänger du réalisateur jeune, le film nous expose ses ambitions et nous explique très clairement que c'est une œuvre très intime. Le réalisateur veut nous raconter la vie de la réplique du voilier de Joshua Slocombe dit Slocum, construite par son père dans son jardin, le narrateur décide des moments qu'il veut nous raconter, il racontera les événements dans l'ordre qu'il souhaite et selon qu'elles arrivent dans son esprit... Le réalisateur y dresse un bilan de son enfance et de la naissance de sa passion pour le dessin, et on est spectateur de cette introspection (on y reviendra plus tard). A travers cette introduction, rappelant beaucoup une forme de récapitulatif par l'image et par le souvenir que pouvaient avoir des œuvres comme Les Grandes Grandes Vacances ou Le Petit Nicolas : Qu'est ce qu'on attend pour être heureux ?, le film acquière une beauté et une douceur fulgurante qui ne nous laisse pas indifférent.
Contrairement à des récit beaucoup trop directif utilisant la voix off pour décrire l'action comme Memoir of a Snail, le film est assez léger en directive car conscient que l'essentiel du récit se passe avant tout à l'écran plus qu'à travers le dialogue. Cette notion est illustré à travers la relation entre le fils et son père qui ne se parlent quasiment jamais, mais qui arriveront à se comprendre en un regard ou à un échange direct. L'entièreté du film repose sur la vie du fils qui, au fil des saisons et du temps, verra grandir de plus en plus le vaisseau de Slocum grandir et prendre de la place dans le jardin familiale en même temps que le fils se trouvera une passion pour le dessin pour combler ses lacunes à l'école. Tout au long de la construction du bateau, le jeune réalisateur va recevoir des enseignements de la part de son père qui vont construire sa vision de l'art, à travers la réalisation du vaisseau de Slocum. En nous invitant à prendre le point de vu du réalisateur recevant les enseignements de son père, le réalisateur nous invite à prendre sa place en découvrant petit à petit la façon dont la passion peut germer, tandis que lui prend la place de son père d'adoption pour se réconcilier avec ses souvenirs et proposer un bilan de sa vie. La passion du père devient celle du réalisateur, et le vaisseau la toute première œuvre réalisé par Jean-François Laguionie qui, après achèvement, est amené à laisser sa place pour d'autres œuvres, d'autres aventures jusqu'à que le temps ne l'arrête. La fin du film devient très touchante tant on peut y voir la fierté d'un Homme à transmettre sa passion à travers sa vie.
Le soucis étant qu'avant cette fin, le film souffre un ventre mou terrible où l'on est perdu face à un récit dont on peine véritablement à accrocher. La faute à un rythme très lent ou à un narrateur parfois trop absent, qui laisse beaucoup trop souvent le spectateur sans arme pour se sentir concerné, le film devient très vite épuisant tant on sort du film et que l'on a du mal à s'investir. On est constamment mis à distance de ce que vit le jeune homme, et si je disais que l'on est spectateur des souvenirs du réalisateur, on est beaucoup trop souvent cantonné à cette fonction sans réellement avoir la possibilité d'en être un acteur émotionnel. Cela s'améliore dès la sortie au bord de la marne la nuit en amoureux, mais avant cela, il faut subir un récit se refusant de sortir d'un quotidien un peu morose et monotone. A force de vouloir tout contrôler et de vouloir ce qui parle avant tout à lui-même, le film finit par être très fermé et auto-centré sur son sujet, ce qui nous gâche un peu la beauté du film et favorise les longueurs.
Slocum et moi est un très beau film, très délicat et poétique, mais qui souffre du manque de recul face à son sujet, ainsi que d'un manque d'ouverture à un public extérieur, du moins dans une bonne parti de sa première parti. Il n'empêche pas le film d'avoir de vrais moments de grâces où l'on ressent toute la beauté de revoir le Val de Marne sous un tableau qu'on a trop peu l'habitude de (re)voir.
13/20
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Créée
le 12 sept. 2024
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