Dying for Rose.
Qui dit western dit souvent cinémascope flamboyant, magnifiant les grands espaces sauvages de l'ouest américain et mise en scène lyrique et majestueuse. Bon, je caricature à mort mais c'est l'idée...
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le 22 nov. 2015
22 j'aime
Je n'y croyais pas trop à ce film. Disons que j'avais très peur. C'est-à-dire que j'ai vu quelques westerns sortis ces dernières années, et le constat général que je fais, c'est que les réalisateurs qui s'y collent semblent n'avoir jamais vu un western de leur vie et préfère faire un film lent où il ne se passe rien plutôt qu'un film où il se passe quelque chose. Bon, j'ai quand même vu "Bone Tomahawk" qui fut une vraie claque. Mais pour le reste, bof bof... et les quelques images vues me laisser présager un film ennuyant où le revolver est plus une métaphore qu'une arme à feu.
En fait j'avais complètement tort. Le scénario est assez bien ficelé. On a deux personnages assez bien caractérisés, ils font un voyage ensemble, une sorte de voyage initiatique. Une voix off présente qui ne dérange jamais et quelques flashbacks qui permettent au récit de respirer et de préparer le comportement du héros à la fin. L'on remarquera surtout une belle utilisation de l'ironie dramatique, donc le fait que l'on sache les motivations de chacun : pas de surprise mal venue, au contraire, l'auteur exploite habilement cette information, creusant par là une relation toute particulière entre le jeune homme et son chaperon. Les conflits sont bien présents, et ce dès le début, rendant le récit dynamique ; de plus, l'auteur étire, exploite intelligemment chaque scène, non pas juste pour la faire durer gratuitement mais afin d'en extraire tout le jus narratif possible.
Ce qui déçoit, c'est le traitement du personnage de Fassbinder. Pour son revirement de bord à la fin d'abord : même si on l'attendait, ça aurait pu être mieux amené. Pour l'aspect initiatique ensuite. Parce que ce voyage initiatique, ce n'est pas le gosse qui le vit, non, celui-là est déjà plus sage qu'un grand-père ; c'est ce chasseur de prime qui va évoluer, s'élever au rang du civilisé. Malheureusement, les échanges sont si peu nombreux qu'on ne comprend pas bien ce qu'il a retiré de positif de tout cela, ni même comment il a pu se lier d'amitié aussi facilement vu le peu de bons moments vécus ensemble. Et on comprend encore moins lorsqu'il déclare, en voix off, que Jay lui a sauvé la vie. On peut trouver des raisons, oui, mais ça n'est pas vraiment une évidence, plus une figure de style un peu floue.
Si le scénario présente de très bons petits moments, la mise en scène n'est pas en reste. Une BO qui fonctionne assez bien tout d'abord : ça colle aux image, ça colle à l'histoire, ça colle aux personnages. Ensuite, quelques belles images, même si ce n'est pas du scope. Sans pour autant frimer, non, j'ai eu l'impression d'être dans un Boetticher, où l'on soigne le cadre oui, mais où l'histoire prime. Et puis il y a ces petites envolées, ces petites scènes magiques faites de petits rien, comme par exemple ce rêve étrange après une nuit de folie. Enfin, le découpage est sobre et efficace comme j'aime. Pas de maniérisme excessif, on va droit au but et surtout les cadrages racontent quelque chose (discrètement).
Bref, "Slow West" est une bonne petite surprise, un western où il se passe des choses et avec humour en plus.
Bonus : https://image.noelshack.com/fichiers/2019/09/6/1551548501-slow-west.jpg
Créée
le 29 janv. 2016
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