Alors que Freddy Krueger est plongé dans un coma cinématographique depuis son remake calamiteux, "Slumber" avait sans doute une carte à jouer avec son démon du sommeil. Pas forcément de quoi prétendre à devenir un sommet du genre, bien entendu, mais le mode opératoire spécifique de ce nocnitsa, créature séculaire présente dans de nombreux folklores, appelait une mythologie bien particulière pouvant au moins rivaliser avec quelques contemporains du genre, comme une sorte de "Insidious" en mode cauchemardesque par exemple. On entrevoit d'ailleurs ce potentiel le temps de quelques séquences : la première nuit de somnambuleries improbables chez la famille subissant les assauts du démon, le procédé de diversion mis en place par ce prédateur (efficace et bien pensé mais on a quand même connu des démons plus discrets niveau tactique), l'idée pour le combattre (un peu bizarre que personne n'y ait pensé avant cependant)... Bref, il y a avait bel et bien la matière à faire un petit truc un peu plus fouillé qu'à l'accoutumée et susceptible de faire monter la jauge du trouillomètre.
Sauf que non, "Slumber" passe complètement à côté de son sujet en n'osant jamais réellement abattre les atouts planqués dans sa manche ! En fait, le film préfère seulement nous les laisser entrevoir et éviter toutes éventuelles prises de risque en se reposant la plupart du temps sur les situations les plus éculées et autres facilités d'écriture du cinéma d'épouvante mainstream. On aura droit à peu près tout de ce côté : une héroïne reliée forcément à l'affaire par un trauma d'enfance, sa vie de famille totalement superficielle (sa relation avec sa fille semble uniquement basée sur des chifoumis), des personnages passant leur temps à dormir pendant la première partie du film pour faciliter les trucs bizarres, un vieux bonhomme qui sait tout sur tout sorti d'absolument nulle part, une dernière partie qui n'évite pas quelques situations gênantes (la "possession" vaut son pesant de cacahuètes)... "Slumber" rate complètement le coche en noyant tout ce qui aurait pu faire son originalité dans le moule standard d'une production d'épouvante lambda et faite à la va-vite. Même visuellement, le film n'a finalement pas grand chose à défendre (le nocnitsa est pourtant chouette mais très peu présent physiquement) et se révèle d'une banalité affigeante aussi sur ce plan. On peut comprendre sans mal ce qui a attiré Maggie Q (pas mauvaise au demeurant) dans cette histoire mais, vu le résultat, une sieste aurait été une bien meilleure occupation.