Sœurs de sang propose une peinture sans concession de la jeunesse américaine actuelle ayant élevé ses autels sur des cimetières de bêtise ; ici la sororité est une secte à part entière et désoriente ses filles en pleine transition vers l’âge adulte : le film s’ouvre sur un magnifique plan-séquence plein de bruits et de fureur où priment l’inertie des paroles et la standardisation des corps, non sans rappeler au passage les orgies romaines. Alcool, drogue, prostitution – scène glaçante chez un docteur servie par une esthétique figée, cultivant les coloris grisâtres impersonnels. Surtout, c’est le cadre familial qui constamment se souille, qu’il s’agisse d’une demeure violée le temps d’une soirée ou d’un cercle d’amies unies par le sang : la religion teenagers désacralise tout, oppose la clef en croix à la croix chrétienne, le fond d’un puits à la tombe consacrée. Chaque protagoniste est un fanatique en puissance, un extrémiste engagé dans une compétition d’extermination au terme de laquelle il ne restera que des ombres capturées par les nouvelles technologies en guise de fantômes. Dommage que le long-métrage épouse la bêtise de ses personnages au point d’accumuler les clichés sans parvenir, et on le regrettera sincèrement, à jouer la carte du second degré (quelques tentatives, peu concluantes), dommage aussi de le voir répéter ad nauseam les mêmes plans embarqués dans les soirées arrosées. Fascination paradoxale. Il n’empêche que le côté slasher fonctionne avec, en prime, des meurtres inventifs et mis en scène avec efficacité. Sous ses airs débiles, une réflexion parfois maladroite sur ce qu’être jeune signifie aujourd’hui…