Sorority Row (Stewart Hendler, U.S.A, 2009)


Dans la lame de fond de remake à la fin des années 2000, ‘’The House on Sorority Row’’ n’échappe pas à une tentative de modernisation à travers le plus sobrement intitulé ‘’Sorority Row’’. Le postulat de départ change légèrement, car cette fois les sœurs ne se rendent plus coupable du meurtre de leur chaperonne, mais elles se débarrassent du corps d’une des leurs après une mort semi-accidentelle.
Tout commence par une blague qui tourne mal. ‘’Hé Megan, et si on faisait croire à Gareth que tu meurs après qu’il t’ai filé des pilules, et on l’emmène sur les ruines d’une vieille mine pour lui faire croire qu’on va t’enterrer là-bas, ce serait drôle nan ? lol.’’
Non, c’est pas tellement drôle, c’est super morbide comme idée. Et pourquoi cette idée ? Parce que Garrett a trompé Megan, donc c’est une revenge PRANK. Dans un geste défiant toute logique scénaristique, alors que le corps de Megan repose sur le sol, toujours dans la continuité de cette blague pas drôle, Garrett se muni d’un démonte pneu et l’enfonce dans le thorax de sa copine… Qui meurt de sa blessure sous les yeux des séniors de la sororité.
Elles décident de couvrir le meurtre de Garrett, qui est le petit frère de l’une d’entre-elles, et prennent la décision de jeter le corps dans un puit et de ne plus jamais parler de cette histoire. Ce qui déplait fortement à Cassidy, qui muni d’un cerveau, ne trouve pas que ce soit une bonne idée. Mais toutes ses sœurs se retournent contre elle et la menace de lui faire porter le chapeau si elle parle. La solidarité, même féminine, ça se perd aussi…
8 mois plus tard, Megan est portée disparue, mais les sœurs ont plus important à s’occuper, c’est le jour de la remise des diplômes, et le soir dans leur maison elles organisent une grosse, grosse soirée. Seul bémol, à quelques minutes du début des festivités les séniors reçoivent toute un MMS envoyé du portable de Megan, qui la montre se faire tuer. Puis c’est le début d’une série de meurtre, un peu sans queue ni tête au départ. Le film est fâché avec la logique de toute façon.
Dehors toutes les thématiques profondes qu’abordait l’original, en 2009 on ne va pas essayer de taper dans l’intellectualisation d’une œuvre d’exploitation pour des ados débiles. nToute la réflexion sur le choc générationnel qui faisait la force de l’original est éradiqué, au profit d’une récit lisse au possible. La blague jouée au petit ami de Megan prend naissance parce que le vilain l’a trompé. Elle se fait passer pour morte, en faisant croire que c’est lui qui l’a tué… Ce n’est pas drôle, c’est des méthodes de sociopathe un truc pareil.
Mais c’est là le gros pépin du film, son incohérence, rien n’est plausible. Pour exemple il n’est jamais explicité pourquoi, d’un coup, Garrett enfonce le démonte pneu dans le cadavre tout frais de sa copine… Et ça c’est dans les 10 premières minutes du métrage. Sans sens logique ni cohérence les actions des personnages sont la pluaprt du temps complétement débiles et injustifiés.
Mais le pompon c’est quand même le tueur (je genre pas), qui a clairement identifié les sœurs ‘’coupables’’ de la mort de leur camarade, puisqu’il leur envoi des texto. Là y’a une logique. Sauf qu’il se met aussi à tuer des personnes qui n’ont rien à voir. Ce qui est hors de propos, comme si le film avait besoin de meubler entre les séquences.
Et c’est ça jusqu’au twist final complétement débilitant. D’une, il est possible de capter assez tôt qui est le coupable, tellement le récit appuie sur des personnages, pour en faire des coupables évident. Du coup celui sur qui ne pèse aucun soupçon devient suspect idéal. Et en effet, c’est ce personnage qui les tue. Un personnage n’ayant aucun motif valable pour se rendre responsable de ces morts. Il n’a aucun lien avec la victime. Son résonnement ne tient pas la route. Un peu comme si le réalisateur c’était dit au dernier moment ‘’Et si c’était plutôt lui qui avait fait les meurtres ? Comme ça personne ne s’y attend’’, sans rien changer au scénario. Avec un turn over des plus pété pour sembler original, mais c’est complétement foiré.
Le film n’a vraiment aucune profondeur, les personnages sont d’une fadesse. Entre celle qui s’autoproclame leadeuse, celle qui remet tout en doute, celle qui passe son temps à chialer, et celle sont le courage mène à la mort, parce qu’elle est courageuse… C’est le vide cosmique dans la composition des personnages. De véritables clichés ambulants se déplaçant dans le récit en pilote automatique, en faisant tout ce qui leur est convenu de faire.
Tout est attendu, et rien ne surprend jamais. À l’instar des remakes de cette période, il est vide de sens, avec dans le fond une idéologie qui vire dangereusement vers la Droite. En effet, les personnages féminins sont éliminés avec une effarante facilité, et selon l’ordre du cliché auquel elles répondent. D’abord la Lesbienne, puis le garçon manqué, puis la leadeuse, etc… Celles qui s’en sorte sont finalement les plus générique. Même si un retournement à la fin, vient un peu contredire cette lecture. Et encore…
Maintenant, en tout honnêteté le film n’est pas si dégueu, et au niveau de la mise en scène y’a même de bonnes idées, les meurtres sont graphiques, il fait preuve d’une certaine générosité dans le gore. Mais il donne l’impression de vouloir sans cesse être un film ‘’à la cool’’, dans la manière de filmer le corps des femmes notamment, qui fait particulièrement daté.
Cependant, au générique il y a Carrie Fisher, l’interprète d’une chaperonne des plus bad ass (faut voir la séquence où elle allume le killer avec un fusil à pompe). Même si c’est un peu léger, franchement, rien que pour ce personnage, et le plaisir de retrouver Carrie Fischer ça vaut le coup. Après une fois mis de côté tous les problèmes du film, dans le contexte de 2006-2009, c’est loin d’être le pire remake. Il a les mêmes stigmates que les autres, mais finalement il se suis facilement. Comme Slasher lambda de base, avec 30 ans de retards, qu’il se regarde.
Le film n’a pas grand-chose à offrir, mais pour peu qu’on se prête au jeu c’est plutôt fun dans l’ensemble. Tous les moments un peu pétés deviennent drôles, même si ce n’est pas la volonté première, puisque dans le ton il est très premier degrés. Pas sûr que ce soit un bon point, mais y’a moyen de se marrer.
Remake nul, Slasher moyen, série B correcte, ‘’Sorority Row’’ version 2009 reste dans l’ombre de l’original, qui demeure encore aujourd’hui d’actualité, puisque le changement de génération c’est un truc cyclique, et les thématiques du film était en 2009 encore d’actualités. Elles le sont d’ailleurs encore aujourd’hui près de 40 ans plus tard. À une période où la génération Y, ou les Millenials, se retrouve un peu perdu dans un monde en mouvement, qui ne les a pas attendu avant d’évoluer, d’un coup.
Ce qui est comparable à la génération d’après le Flower Power, qui fût élevée dans une certaine conception du monde, mais au moment de l’entrée dans la vie active, c’est un autre monde, bien plus individualiste, qui est proposé. Ceci peut expliquer l’essor du Slasher en cette période, comme reflet d’un mal être sociétal et générationnel. Qui est le même aujourd’hui.
Moralité, arrêter de faire des remakes insipides, et faire davantage confiance aux œuvres d’époques qui nous ont précédées, et n’ont pas forcément vieillis. Ou bien dénicher des œuvres actuelles, autres que des productions qui n’offrent pas plus qu’un divertissement correct.
Ce qui est le mal de l’industrie hollywoodienne, et encore plus dans le genre de l’Horreur. Incapable de proposer autre chose que ces produits vides de sens, sans contenu, éludant toutes les problématiques et les réflexions qui permettent une meilleure connaissance du monde qui nous entoure. Le passage de l’enfance, ce moment emplit de légèreté et d’innocence, fini toujours pas basculer un moment ou un autre, avec plus ou moins de violence vers la vie ‘’réelle’’.
‘’Sorority Row’’ est ainsi un divertissement à peu près correcte, à partir du moment où l’on accepte quelques raccourcis et autres facilitées. Mais à part informer sur la difficulté d’un genre à se renouveler, ce n’est pas une œuvre qui en apprend plus sur son époque. À moins qu’à ce moment-là, en 2009, il était à l’image de la société ante-Obama, fade et moribonde.


-Stork._

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le 29 févr. 2020

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