Ne pas avoir lu le livre me place dans de meilleures dispositions pour apprécier "Soie" que ceux qui l'ont lu. Ce n'est d'ailleurs ni le roman, ni le titre, ni le réalisateur qui m'ont amené devant mon écran mais la fragile beauté de Keira Knightley dont j'ai apprécié le jeu dans plusieurs de ses films après l'avoir découverte dans Orgueil et Préjugés.
Mais Soie ne m'a pas conduit là où j'espérais.
Je ne reviendrai pas sur l'histoire que chacun pourra découvrir au fil d'autres critiques. Je m'intéresserai aux émotions que m'a procurées ce film majeur. Sur la forme, le film prend son temps et nous permet d'admirer les splendides paysages, les visages, les mains, les corps féminins.
Les émotions naissent dès l'apparition de l'évanescente "jeune fille" (Sei Ashina) à la beauté parfaite. Les plans sur ses lèvres, ses yeux, ses mains aux mouvements millimétrés et d'une douceur infinie, subjuguent comme ils subjuguent notre aventurier Hervé Joncour (Michael Pitt).
De leurs simples échanges de regards naît un amour aussi passionné que platonique. La force du film c'est de nous les faire ressentir intensément. C'est aussi une source de frustration car rien ne se passe, rien n'est dit. Seuls les sentiments réciproques d'Hélène (Keira Knightley) et de Hervé sont dits et montrés dès le début.
Ce film d'amour donne un rôle presque en arrière-plan à Keira Knightley pourtant essentiel à l'histoire. Ce n'est plus un regret après l'avoir visionné, le réalisateur ayant réussi à m'emmener sur le terrain de la suggestion, de la beauté, de la transcendance.
Un film à la beauté formelle que je reverrai dans quelques temps pour mieux l'apprécier (ou non).