Un joli premier film présenté hier soir par ses auteures dans le petit cinéma de Tonnerre, que leur père documentariste fréquentait petit. En présence de ses cousins, tous du coin. Comme une réunion de famille à très forte connotation sentimentale. Sous le regard complice du compagnon de l'une des deux filles, lui aussi réalisateur, qui avait à son tour présenté son propre film au même endroit parce qu'il est également originaire du coin. De quoi ferrailler contre le défaitisme local, et une certaine idée du déterminisme géographique qui mine le moral de notre petite population en voie d'asphyxie. Ce qui manque à Tonnerre, c'est le fric, pas l'amour, et je dirais qu'on a donc l'essentiel. Passons au film. Une lente, très lente exploration de la souffrance d'un couple qui a perdu une petite fille, en a fait un secret de famille, tente de se reconstruire et frôle la catastrophe à maintes reprises mais ne lâche jamais. Joliment mis en image dans une région photogénique du Portugal. La terre, l'eau, le vent, tout concourt à ressusciter ces jeunes gens un peu morts à l'intérieur. En particulier leurs jumelles solaires, qui mettent soudain le pied dans la porte et provoquent un appel d'air dont les conséquences pourraient être funestes. C'est sans compter la résilience de notre petite espèce tenace, et je n'en dirai pas plus. Les deux auteures en parlaient d'une seule voix de façon très éloquente et enthousiaste, et on s'est laissé gagner par leur soif de partager cette aventure de 34 jours de tournage seulement, qui leur a fourni des histoires à raconter pour des heures et des heures. On leur souhaite une réussite à la hauteur de leur engagement, et on suivra leurs prochains pas avec toute l'attention et la bienveillance que notre tout petit territoire enclavé peut produire.