Soleil levant par Ninesisters
Michael Crichton est un des romancières les plus adaptés par l’industrie cinématographique américaine. Il est aussi connu pour jouer les producteurs tyranniques, mais ne tient heureusement aucun autre rôle dans ce projet que celui d’auteur. Si nous ajoutons à l’équation la présence d’un réalisateur confirmé – Philip Kaufman, à qui nous devons l’excellent The Right Stuff – et une brochette d’acteurs à gueule, cela ne peut pas être mauvais, pas vrai ? Pas vrai !?
Rising Sun est sorti un an après Basic Instinct, et franchement, ça se sent : le côté pervers du crime et l’érotisme en général sont particulièrement mis en avant, en tout cas beaucoup plus que ce à quoi nous pourrions nous attendre en lisant le synopsis. Donc plus que nécessaire. Sauf que la chose la plus « basic », ici, c’est l’enquête : ses tenants et aboutissants sont faciles à comprendre ; il faudra pourtant deux heures à l’improbable duo Wesley Snipes / Sean Connery pour en venir à bout, autant dire une éternité.
Bien que producteur exécutif, Sean Connery fait peu d’efforts, et joue comme si tout ce projet ne le concernait pas particulièrement, ou qu’il avait abandonné toute idée de s’y impliquer plus que de raison ; il se limitera à deux coups de colère pour prouver son implication dans l’histoire, dont un factice. Wesley Snipes souffre lui d’un rôle parfois ingrat – entre le kohai, le flic américain bouché, et le ripou – mais plus trouble que dans les autres histoires de « duo de flics » de l’époque. Outre Harvey Keitel et Steve Buscemi, cela fait plaisir de voir quelques-uns des seconds couteaux les plus mémorables d’Hollywood, dans une ambiance très années 90 (surtout niveau capillaire).
Malheureusement, si l’histoire elle-même est intéressante et n’apporte aucune conclusion définitive – dans le sens où si l’enquête sera officiellement bouclée, il restera toujours un doute la concernant – elle a tendance à tourner en rond, et surtout enfile les clichés sur les Japonais comme d’autres les perles (comme le fait de porter un fundoshi sous un costume Armani) pour un résultat qui paraitrait kitsch même dans un film japonais. C’est dire.
Rising Sun n’a rien d’une purge, son scénario réserve même quelques bonnes surprises, mais il regorge de fausses notes. Cela se laisse regarder, sans plus.