Un beau tapis déroulé devant les debiles rejects des temps modernes, à savoir un borgne, une obèse et un homosexuel inélégant. C'est d'ailleurs lui qui terminera le plus mal, commettant l'erreur classique de s'attacher à des hommes pas intéressés, jusqu'à en dépasser les bornes. C'est trop grave pour en rire, mais hélas, voilà où mène l'absence de distinction entre l'amitié et le désir. Il est bon de le rappeler, car on peut en toute sincérité croire que de l'amitié peut découler l'amour, ce qui est hélas faux.
Les deux autres personnages sont nettement plus intéressants, puisqu'ils vont commencer à former un couple à fortiori très imparfait, mais plutôt soudé par la conscience d'être des rebus, et donc d'aborder les gens d'une façon plus respectueuses (non sans dérapages). Le film s'attache à les suivre dans la durée, et donc à capter leur évolution, qui va rudement les mettre à l'épreuve, un quittant ses études pour pouvoir suivre l'autre, renonçant à son éducation (malgré l'exemple de sa mère, édifiant) pour se consacrer à son couple. Débarquent les problèmes d'estime en soi mal placée, de refus de l'évolution de l'autre, et des tentatives que chacun fait pour se "réinsérer". En cela, le film est (trop) dur, car il n'accorde aucune confiance dans la réintégration (et pourtant c'est à priori possible, j'en parle en connaissance de cause, malgré les étiquettes). Mais il a un réel soucis d'authenticité, ce qui n'était pas gagné au vu d'un handicap aussi badass qu'un borgne arborant cache oeil de pirate. Finalement peu enthousiaste sur le terrain de l'amour, le film cultive le terrain de l'amitié, choix plutôt intelligent car nettement susceptible de parler aux spectateurs qui se projetteraient dans ces personnages communs mais denses. Teen movie en dehors des clous, qui se conforte dans l'absence de compromis (toujours différents, ce qui est vrai mais pas ingérable), Some freaks propose quelques gentils portraits qui parlent d'ados plutôt réels, sans les excès habituellement de mise.