Documentaire très intéressant !


Voilà un film qui gagnerait beaucoup à ressortir aujourd'hui, après les événements #MeToo, puisqu'on y parle justement de la pression que peuvent subir les actrices qui s'engagent dans le monde de la série B : des réalisateurs qui demandent toujours plus à leurs actrices, des actrices qui acceptent cela pour ne pas être cataloguées 'casse-couilles' ou 'pas professionnelle', d'autres qui acceptent car elles aiment, d'autres parce que ça leur permettra de monter un échelon de plus vers leur indépendance, ... plusieurs portraits sont brossés au travers de ce documentaire, y compris chez les réalisateurs (une femme et quelques hommes), la plupart d'accord pour dire que ce n'est pas normal mais que c'est la demande ou bien que ça leur permettra plus tard de faire les films qu'ils voudront, un seul qui refuse de parler de sexisme et s'énerve même à ce sujet, ... et enfin, Corman est interviewé, ce qui fait plaisir, surtout que le portrait n'est pas lisse (comme probablement le sera celui proposé par Joe Dante, j'en ai peur, puisqu'il est toujours ami avec lui) et souvent contrebalancé par les interviews de Maria Ford qui n'hésite pas à tacler l'homme le plus susceptible de lui donner du boulot.


C'est passionnant, parce qu'au travers de cet échange sur la nudité, on brasse plusieurs thèmes, on découvre un peu l'envers du métier, la manière de travailler, le bénévolat de l'équipe technique, la lassitude d'acteurs qui n'ont rien trouvé de mieux que les navets produits par Corman ou autres, l'ambition de ces jeunes gens aussi, qui espèrent tous que ces films leur serviront de tremplin comme ce fut le cas pour Coppola, Nicholson, Dante, Scorsese, ...


On a aussi cette intrigue autour de la narratrice, l'une des réalisatrice, une sorte de remise en question/ d'enquête un peu facile sur ce qu'elle a subi étant petite. Des images choquantes en soi d'ailleurs, dans la mesure où personne n'oserait montrer une enfant nue (avec caméra qui zoome). Ce témoignage heureusement ne prend pas trop de place, et la pluralité des histoires fait que l'auteur se montre féministe prudente, à savoir qu'elle respecte le choix de femmes qui veulent faire ce genre de films, s'exhiber et tout, mais déplore le fait que certaines femmes se sentent forcées. Autre force du film, la réalisatrice parvient à montrer qu'il s'agit d'un système et qu'il est forcément difficile d'en sortir ou en tous cas de ne pas participer à ce mouvement une fois dedans, notamment au travers d'interviews de mecs conscients (et ennuyés de ce qu'ils font) mais aussi de cette réalisatrice, qui clame haut et fort que c'est mal mais qui ajoute qu'elle réalise malgré tout ce genre de film afin de se créer une expérience utile à Hollywood.


La mise en scène se compose d'extraits de films (bien choisis) et d'interviews ; certaines interviews sont très sages, l'intervenant étant assis confortablement, d'autres sont plus dynamiques, avec notamment Jim Wynorski qui n'a pas peur de passer pour un connard et qui bouge beaucoup, ou encore Julie Strain que l'on découvre aussi sur un plateau de tournage.


Bref, plutôt passionnant.

Fatpooper
8
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le 11 juil. 2021

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Fatpooper

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