Après un Synchronic en demi-teinte pour faire suite au futé The Endless, on retrouve Benson et Moorhead dans l'expression la plus brute de leur créativité, contraints par un tournage en plein Covid-19, mais ne manquant pas d'astuces pour en tirer une œuvre toute aussi farfelue que surréaliste, toujours avec un fond d'ambiance post-apocalyptique, dans les décors de Los Angeles, cette fois-ci. Les deux réalisateurs sont les acteurs principaux ; des voisins qui apprennent à se connaître et sont témoins d'un événement surnaturel : un cendrier en quartz lévite et se met à briller. Étant un peu perchés, ils se mettent à théoriser sur les forces à l’œuvre, et décident de documenter leurs expériences, ainsi que leurs péripéties inexplicables. Tout est très vite mis en place, et le duo tourne à la dérision toutes ces théories complotistes et élucubrations de pseudo-science, citant divers forums bien connus du net ; c'en est hilarant. C'est d'autant plus brillant qu'ils parviennent à accorder toutes ces fumisteries en une même trame où la moindre coïncidence (géométrie des rues, bruit d'échappement, pépins d'un fruit,...) est sujette à une interprétation ésotérique comique. Le fidélisé Jimmy LaValle offre la composition mystique adéquate, avec un travail séduisant du son entre l’extra et le diégétique qui ravive l'étrangeté ambiante chère aux deux réalisateurs, dans des nuances d'eschatologie et fascination à la Southland Tales ou Rencontres du 3ème Type. Même si le voyage se montre plus grisant que la finalité, leur façon de rendre le surnaturel naturel captive à nouveau, dans ce qui est certainement leur production la plus harmonieuse.