Un acteur seul qui s'ennuie à mourir dans un grand hôtel, le tout réalisé par Sofia Coppola, ça vous dit quelque chose ? Bien sûr, on pense à Lost in translation. Et la cinéaste joue là-dessus, multipliant les clins d'œil entre les deux œuvres.
Mais les films sont différents. parce que les personnages sont différents. Johnny Marco a tout pour lui, une vie qui ferait rêver de nombreuses personnes : belle gueule, acteur connu et reconnu, voiture et hôtel de grand luxe, et de nombreuses jolies filles qui se jettent dans son lit. Et pourtant...
Les deux premières scènes donnent la couleur (et le tempo) du film. Il a une superbe Ferrari... mais c'est pour tourner en rond dans le désert. Et quand il se paie des call-girls, il s'endort avant la fin de leur "spectacle". Autant dire que, pour lui, cette vie de rêve est loin d'être satisfaisante.
Interprété par un formidable Stephen Dorff, Johnny paraît être complètement à côté de ses pompes. Utilisé comme une marionnette par son agent, il se fait insulter par l'actrice qui partageait son dernier film et sa prestation à la conférence de presse est pitoyable. Quant à ses conquêtes d'un soir, les rares fois où il est capable de les honorer, c'est en se trompant lamentablement de prénom...
Sofia Coppola a donc bien soigné son personnage. Habillé pour l'hiver, le Johnny ? Pas tant que ça, cependant. Car sa fille d'une dizaine d'années débarque à l'hôtel. Et notre pathétique anti-héros va se transformer en un père magnifique. Entre la Californie et Milan, père et fille vont passer des journées éblouissantes et radieuses.
Film banal de rédemption par la joie familiale ? Oui et non. C'est ça, et beaucoup plus que ça.
Sofia Coppola fait un choix d'une mise en scène pour le moins radicale. Tourné presque exclusivement en longs plans fixes, avec peu de dialogues et encore moins de musique, le film peut paraître ennuyeux. C'est le plus difficile d'accès parmi les œuvres de Coppola (jusque là du moins). Et pourtant, si on est capable de dépasser la première demi-heure, on retrouve l'humour, la sensibilité et l'intelligence de la cinéaste.