Adaptation américaine du retour de Martin Guerre, replacé dans le contexte économique et sociale délicat des états du Sud à la fin de la guerre de sécession, porté par un duo génialissime, dans l'interprétation, l'alchimie, la beauté à l'écran sous toutes ses formes.
Sommersby est l'histoire douloureuse d'un homme, Jack de son prénom, qui rentre après 6 ans de conflit pour retrouver son épouse et son jeune fils. Sa femme, qu'on découvre un peu trop proche d'un autre homme, ressort en vitesse la photo de son époux, et ils essayent tant bien que mal de reprendre leur vie dans un petit village bien pauvre, où les querelles raciales demeurent. Mais rapidement, les indices se multiplient, et cet homme qui semble avoir été profondément changé par la guerre paraît de plus en plus suspect.
Une femme a les moyens de reconnaître son mari dans l'intimité
Film à classer parmi les longs-métrages très perturbants sur les couples, à l'image d'Original Sin ou de Gone Girl, Sommersby nous montre également la puissance de l'amour comme moteur au changement, capable de faire ressortir le meilleur de chaque être. Richard Gere, 3 ans après Pretty Woman, 2 ans avant Lancelot, montrait une fois de plus au monde qu'il était l'homme le plus sexy de sa génération, aussi charismatique face une foule que face à une femme. Devant lui, Jodie Foster au sommet après le Silence des Agneaux. Tour à tour épouse meurtrie à reconquérir, femme amoureuse puis accusatrice en proie au désespoir au tribunal dans une séquence mythique, une plaidoirie incroyable de Gere, défendant la justice et le bien commun face à l'amour, la vérité et la valeur d'une vie. Mourir en héros, survivre dans la honte, partir ou renier ses enfants, aller à l’échafaud en étant innocent, trouver dans le regard d'une femme la force d'accepter un destin si amer. Des dilemmes qui s’accumulent, insoutenables pour les héros, déchirants pour les spectateurs, mais dont ressort tout la beauté de cette histoire d'amour improbable.
Un homme possède ce qu'il a payé
Au milieu de 2 heures de film d'époque prenant et de bon cinéma, la chevauchée du KKK se présente comme l'autre séquence parfaite. Offrant sur le fil à ses concitoyens un renouveau économique inespéré, notre héros n'a pas fait de distinction raciale. Pour cela, les foudres des cagoules blanches s’abattent sur lui, au milieu des coups de fusils, des croix brûlés et des querelles personnelles.
A voir pour les grands romantiques, les adeptes de thrillers, de film d'époque et de nobles idéaux. Chacun de ces genres culminant dans la scène du procès aussi riche que mémorable.