Adapté à partir des mémoires de Patrick Calvin datant de 1990, Song for a raggy boy est un film touchant rappelant la nécessité de se battre pour ce qui nous semble juste.
1939, Irlande - le quotidien d'une maison de redressement pour mineurs tenue par des religieux catholiques austères et violents est bouleversé quand un ancien combattant républicain dans la guerre d'Espagne est recruté pour dispenser des cours laïcs.
Très vite, cet enseignant va montrer sa désapprobation face aux sévices corporels imposés par le préfet en charge de la discipline de l'établissement. Il va, en outre, encourager les jeunes à faire preuve de solidarité et à s'engager sérieusement dans l'apprentissage de la lecture. Mais comme dans toute bataille, il devra se préparer à payer le prix de son engagement.
Malgré tous mes efforts, il m'a été impossible de ne pas penser au Cercle des poètes disparus, l'un des meilleurs films de tous les temps, en regardant Song for a Raggy boy. L'histoire y est très semblable. Le professeur y incarne à chaque fois l'élément déclencheur de la révolte des jeunes et joue le rôle involontaire de mentor spirituel. Par essence irréprochable, le professeur se lie tout particulièrement d'amitié avec un jeune qu'il prend sous son aile. Ce dernier sera la victime d'un tragique événement. La poésie occupe également une place très importante dans le film. C'est par la littérature et le pouvoir des mots que les jeunes pensionnaires prennent conscience de leur situation et retrouvent l'estime de soi. Ainsi, les deux films à l'intrigue plaisante et efficace quoi que très peu crédible sont de bons films qui dénoncent des faits sociétaux inadmissibles.
Ainsi, la différence fondamentale entre ces deux films est que l'un (Song for a raggy boy) aborde principalement le thème de la maltraitance de l'enfant (sévices corporels, viols) tandis que l'autre (le Cercle des poètes disparus) se concentre exclusivement sur la critique du conformisme social et dénonce alors une forme de maltraitance psychologique intériorisée par l'individu dès son enfance- ce que Bourdieu appellerait une manifestation de violence symbolique. Je suis personnellement plus sensible à ce dernier discours car il tient un propos, à mon sens, plus profond et inédit que le premier dans la mesure où l'impact de la pression sociale à la normativité concerne l'individu quel que soit son âge et est souvent plus insidieuse et moins perçue par ses victimes qu'une forme de maltraitance physique. Cependant, je ne me lancerais pas dans une liste exhaustive des atouts et faiblesses de chacun des films et préfère en rester là dans ma comparaison. Indépendamment de cette ressemblance frappante, le film est agréable à voir. Les acteurs y sont bons. Le scénario classique parvient tout de même à ne pas lasser le téléspectateur. En bref, un beau film qui parvient à séduire et émouvoir malgré un manque d'originalité criant.