Denys La Patellière relate dans ce film le quotidien d'une famille aristocrate déchirée entre un père conservateur et ses enfants décidés à embrasser le changement de société.
Nous y suivons donc le combat sans merci mené par le marquis de Maubrun désireux d'enseigner à son engeance les valeurs aristocratiques. Celui-ci se voit perpétuellement stoppée dans son entreprise par les ambitions amoureuses de l'une (sa fille Daisy voulant épouser un parvenu), les ambitions économiques de l'autre (son fils Arthus travaillant dans le commerce), les ambitions morales de l'un (son fils Philippe entré dans les ordres) et l'esprit rebelle des autres (son fils Pierre intellectuel rejetant ses origines aristocratiques et ses jumeaux malicieux).
La fierté de l'aristocrate, attaché à l'honneur de son nom, à ses traditions (la chasse, le repas en famille, le vouvoiement des parents, l'éducation des bonnes manières) et à son rôle ( de généreux et bon châtelain envers ses employés dans sa supériorité froide, de père autoritaire et exigeant) se voit bientôt réduite à néant suite à un événement tragique.
Témoignage de la lente déliquescence de la classe aristocratique, ce long-métrage est en tout point admirable. La musique y est employée avec soin, les décors champêtres et le choix des personnages y respirent la sincérité et l'authenticité. L'interprétation sans faille de Pierre Fresnay en la personne du marquis de Maubrun vient sublimer un scénario très bien écrit et une mise en scène intelligente. Fascinants, les monologues du père nous plongent au sein de son incompréhension face aux évolutions de la société. A cela rajoute-t-on une touche d'humour avec les jumeaux et nous voilà devant un chef d'oeuvre.