Premier film de Denys de La Patellière, Les aristocrates est un document intéressant sur le changement de génération, entre un marquis qui vit en véritable pater familias sur sa famille, et ses enfants qui veulent s’émanciper, à commencer par sa fille qui s'éprend d'un gueux, ce qui va conduire à l'implosion du cercle familial.
Toute cette histoire est une lutte des classes avec un père autoritaire, impeccablement joué par Pierre Fresnay, qui parait dépassé par l'attitude rebelle de ses enfants, dont deux d'entre eux qui vont se défier au fusil (!), mais surtout par la volonté de la plus âgée, incarnée par Brigitte Auber, laquelle aime un homme qui n'est autre que Maurice Ronet. D'ailleurs, c'est amusant de voir que ce dernier parait déjà intense dans son jeu, alors qu'il n'est que secondaire, bien qu'il soit à l'origine d'un drame final qui va plonger la famille dans la tristesse.
Cela dit, si l'interprétation et la technique ne sont pas à remettre en cause, j'ai été plus surpris par la vulgarité des dialogues ; entre des merde, des j'en ai rien à foutre ou encore bordel, il est très rare d'entendre de tels mots dans un film de 1955.
L'autre particularité du film est qu'il parait se situer dans un lieu clos ; signe des classes supérieures qui ne veulent pas se mêler aux autres, l'action se situe majoritairement dans la maison familiale du marquis, où résident encore des majordomes et autres serviteurs.
Il en résulte que c'est un film intéressant, bien annociateur du changement de la société dans les années 1950 et que surclasse un excellent Pierre Fresnay.