Critique initialement publiée sur CloneWeb.net - film en version originale.


A la fin des années 80, l’éditeur de jeux vidéo Sega se cherche une mascotte. Alex Kidd, développé pour la console Master System ne prend pas face au mastodonte Mario coté Nintendo. Apparait alors en 1991, Sonic, un hérisson bleu capable de courir très vite et de sauter. Le jeu est simple : il faut sauver des petits animaux trop mignons capturés par le Docteur Robotnik, en courant, sautant et cassant des trucs. Et si Mario récolte des pièces, Sonic, lui, collecte des anneaux qui lui permettent de se maintenir en vie.


Depuis, le personnage a tellement été décliné qu’on ne compte plus le nombre de jeux vidéo à son effigie, le dernier reprenant le principe de la plate-forme étant “Sonic Forces” sorti en 2017. Sonic a également eu droit à différentes séries animées (dont le fameux “Sonic le Rebelle” et la dernière “Sonic Boom”) et une apparition chez Disney dans Les Mondes de Ralph. Mais le personne n’était jamais passé sur grand écran dans un rôle-titre. Le long métrage de Jeff Fowler vient donc corriger le tir, tout en donnant des origines à un personnage culte qui n’en avait pas.


Le film commence donc sur une autre planète et c’est déjà un changement puisque les jeux sont censés se passer sur une version fantasmée de la Terre. Sonic parcourt les loopings et se présente en voix off. Il est enfant et protégé par une femme hibou. Pourchassé pour son pouvoir, il se voit confier un sac d’anneaux lui permettant de passer d’une planète à l’autre. Il va donc trouver refuge sur Terre, à Green Hills (oui, comme le niveau du jeu) dans le Montana où il va apprendre en observant les humains. Désormais adulte (ou ado ?), il va déclencher par hasard son fameux pouvoir inédit. Et le gouvernement va envoyer le Dr Robotnik à ses trousses. Sonic devra alors remettre la main sur ses anneaux disparus pour rentrer chez lui.


Il faut bien admettre que je suis allé voir Sonic en me méfiant. Le chara-design originel, revu depuis par des animateurs qui ont crunché comme des malades, faisait peur. Mais surtout, je pensais que chaque adaptation d’un univers fantastique où le héros atterrit sur Terre était foirée. Les Maitres de l’Univers, le film avec Dolph Lundgren, n’en est que le meilleur exemple. Amener un héros d’une autre planète sur la nôtre permet de tourner avec peu de moyens dans des décors existants, avec des scénarios souvent pétés. Bref, c’est un prétexte de cinéaste fainéant. Ce n’est pas le cas de Jeff Fowler qui maitrise son sujet, justifiant son contexte par les origines du personnage.


L’ancien animateur de Max et les Maximonstres avait un boulevard devant lui, tant on n’avait aucun background pour le héros. Il en profite donc avec ses scénaristes pour développer un hérisson solitaire mais en quête d’affection et bavard. Sa vie en solitaire couplé à sa vitesse en ont fait un personnage à la limite de la schizophrénie, ce qui permet quelques scènes savoureuses et une mise en scène parfois inspirée du Gollum de Peter Jackson. Sonic est drôle (merci Ben Schwartz en VO), tout autant que Jim Carrey s’éclate à l’écran dans le rôle de Dr Robotnik à qui il insuffle lui-aussi une véritable personnalité.


Freinons néanmoins devant cette avalanche de compliments et de qualités. Sonic est avant tout un film s’adressant aux plus jeunes en quête de divertissement honorable mais sans plus. N’y cherchez pas un niveau de lecture adulte. N’y cherchez d’ailleurs pas non plus des péripéties que vous n’avez pas déjà vu ailleurs. Fowler cite non seulement Jackson mais aussi Steven Spielberg, Jan de Bont (littéralement) et même Bryan Singer avec des scènes de ralentis venues des X-Men. Ajoutez à cela un sidekick humain lambda au possible, incarné par l’acteur le plus lambda du monde, ainsi que Junkie XL à la musique (et Masato Nakamura un peu quand même, ouf) et vous voyez où je veux en venir.


Chargé en références à la saga vidéoludique mais sans en dégueuler, jamais cynique, Sonic est un film qui file droit, traçant sa route vers un succès mérité. Emmenez y vos enfants, vos neveux et vos nièces car ils sont le public visés. Et restez pendant le générique.

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le 17 févr. 2020

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