The Untold Story
Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...
Par
le 31 janv. 2022
22 j'aime
Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas proposé un bon petit sword & sorcery des familles, un bien fauché, surfant sur le succès de Conan le Barbare. Je sais que ça ne vous avez pas manqué mais moi si. Alors j’ai choisi pour vous une bien belle production Roger Corman, avec Jim Wynorski au scénario, et un duo de playmates playboy pas bien farouches en guise d’héroïnes, le tout réalisé par Jack Hill (Switchblade Sisters, The Big Doll House) avec un budget faramineux de 500000$US ! De l’heroic fantasy bas de gamme pur jus, jusque dans la police d’écriture de ses génériques. Du film comme on n’en fait plus (heureusement diront certains) ! Vous savez, ce genre de divertissement complètement nul, mais pourtant hautement divertissant car jamais ennuyeux, parfois complètement crétin, et à haut potentiel nanar. De la bouse pour certains. Du grand art pour d’autres. Ceux qui me connaissent se doutent bien que je penche plutôt vers la deuxième catégorie…
Mais commençons par le commencement. Conan le Barbare est un succès planétaire. Il n’en fallait pas plus à ce roublard de Roger Corman pour s’engouffrer dans la brèche (comme tant d’autres) et pondre son film d’heroic fantasy bien à lui, sous la houlette de sa boite de prod New World Pictures. Le premier d’une d’une longue série puisqu’on lui doit par la suite la saga des quatre Deathstalker, Kaine le Mercenaire, Les Magiciens du Royaume Perdu ou encore Barbarian Queen. Et pour sa première incursion dans le genre, on peut dire que cela n’aura pas été de tout repos.
Pluies diluviennes. Feu sur le plateau engendrant la destruction des bobines de deux jours de tournage. Un Roger Corman qui n’a jamais délivré le budget qu’il avait promis, forçant le réalisateur Jack Hill à rogner sur les effets spéciaux et à réutiliser les musiques du film Les Mercenaires de l’Espace (1980), autre production Corman. Toute la bande son qui disparait comme par magie, obligeant à redoubler tous les dialogues en post-prod par des amateurs et les employés de bureau de New World Pictures. Un film de deux heures que Corman trouve bien trop long et qu’il demande de remonter pour le faire tomber maximum à 1h30. Un scénario écrit en catastrophe en à peine une semaine par le tâcheron Jim Wynorski. Ou encore le réalisateur du film qui se désolidarise du projet, obligeant à mettre un pseudo dans les génériques, à cause du résultat final en dessous de ses espérances au niveau du visuel (à cause du manque de budget donc) et parce que Corman a refusé à la dernière minute de payer Sid Haig (House of 1000 Corpses, The Devil’s Reject), ami de Jack Hill, pour qui il avait écrit un rôle. Ah bah oui, radin le Corman, il aime ses sous ! Le film sort en salles en mars 1982, et c’est un succès (toutes proportions gardées) puisqu’il rapporte 4 millions de dollars, soit huit fois plus que ce qu’il a couté.
Maintenant qu’on a posé l’historique du bousin, passons au film en lui-même. Nous sommes clairement dans la lignée du très fun Deathstalker. Il s’agit ici d’une histoire à la con de jumelles qui ont perdu leurs parents alors qu’elles étaient bébés. Elles ont été sauvées par un grand sorcier qui leur a conféré le pouvoir des guerriers et des sorciers avant de les amener dans une famille adoptive pour les protéger. Bien entendu, sous prétexte d’un sacrifice à la con qui a pour but d’invoquer la puissance suprême d’un dieu un jour très précis d’une année très précise car l’alignement des planètes sera parfait, un sorcier va confier à son armée le soin de retrouver les jumelles. Quelques années plus tard, elles ont bien grandi. Leur poitrine aussi. Ce détail peut sembler anodin mais il aura une grande importance pour tout le reste du métrage. Et les méchants tombent sur le village où elles habitent, pile quelques jours avant le fameux alignement des astres. Comme par hasard ! Leurs parents adoptifs vont se faire décéder la gueule par des sbires et là, BEUUUWOUAAAAH !!!!!! Elles ne sont pas contentes et décident d’aller péter la tronche au machiavélique sorcier Traigon qui est derrière tout ça. Sur la route, elles feront la connaissance d’un nain géant ? d’un viking ? On ne sait pas trop. Mais en tout cas d’un mec qui ressemble à un nain de la taille d’un humain et de son compagnon mi-homme, mi-chèvre, et re-mi-homme derrière. Une sorte de satyre en quelques sortes, affublé d’une flute de paon avec laquelle il aime jouer le soir au clair de lune, et d’un gros zguègue avec lequel il aime jouer la journée en regardant nos héroïnes se baigner à poil. Car les boobs ont poussé on vous a dit. Ah oui, j’oubliais, elles croisent également le fier guerrier roublard Elrick, ses cheveux bouclés soyeux, et son regard de nigaud quand il regarde les héroïnes à poil. Oui, souvenez-vous, les boobs ont poussé, et on nous le montre bien.
Des mecs en costume de singe, des boobs, un homme bouc qui fait des bruits de chèvre pour s’exprimer, un nain joué par un humain de taille normale à qui on a mis un casque à cornes et une grosse barbe rousse, des boobs, des sorciers, des sorts de magie, des boobs, du massacre d’innocents, des combats mal chorégraphiés, des boobs, des morts vivants, un lion ailé, deux héroïnes sexy et badass et qui n’ont pas inventé l’eau chaude, et des boobs (ça va ? vous avez bien compris que c’était important la poitrine qui a poussé ou j’insiste encore un peu ?). Oui, nous sommes bien dans du sword and sorcery bas de gamme et tout ce que cela implique de scènes complètement ridicules, nawak, WTF, grotesques.
Mais à vrai dire, difficile de savoir si le film a été fait au premier degré ou s’il ne se prend pas au sérieux. Car d’un côté, on a un certain humour, plutôt efficace ma foi, avec des dialogues et des punchlines très funs jusque dans la fameuse dernière scène où tout le monde rigole suite à la blague finale typique des productions ricaines des années 80 ; et d’un autre, on a cette impression de sérieux dans la réalisation (la mise en scène tient la route) malgré le budget très serré qui nous provoque des fous rires nerveux devant le n’importe quoi auquel on assiste. Quoi qu’il en soit, on se prend des fous rires, et ça tombe bien, parce que c’est ce que j’étais venu chercher !
Je ne résiste pas au plaisir de vous narrer quelques petits passages croustillants (entendez par là WTF). Imaginez deux jumelles qui ont été élevées comme des hommes et qui à l’âge de vingt ans ignorent la différence entre un homme et une femme et qui apprennent soudainement qu’elles sont des femmes, quelle est leur réaction d’après vous ? Se dessaper pour voir leurs boobs bien sûr, en s’exclamant « Je me disais bien qu’il y avait des différences ». On nous avait déjà mis la puce à l’oreille quelques minutes auparavant lorsqu’elles se sont demandé, après avoir aperçu le satyre, ce que c’était ce long truc qui pendait entre ses jambes. Imaginez notre héros aux cheveux bouclés se faire attraper par la garde car il est en train de tricher aux dés (avec des dés pipés donc), quelle pourrait donc bien être sa sentence pour ce petit délit ? Et là je cite : « La sentence pour avoir triché aux dés est la mort par empalement ! ». J’ose imaginer celle pour un vol, pire, un meurtre, ça serait quoi ? On vous découpe le bas du corps en petits cubes de 1cm de côté et on vous les fait manger un par un jusqu’à ce que mort s’en suive ? Ouais non, je n’ai pas pu retenir le rire nerveux. Surtout que dans la scène suivante, il est attaché à un gros piquet tout glissant, complètement à poil, gros plan sur son derrière (bah oui, il en faut aussi pour les demoiselles), avec en dessous de lui un rondin bien pointu près à lui faire un bon fist anal des familles. Bim, re fou rire nerveux. Allez, une petite dernière pour la route. Les jumelles sont liées. Quand l’une voit quelque chose, l’autre en a des visons. Quand l’une fait quelque chose, l’autre le ressent. Que se passe-t-il donc lorsque l’une prend du plaisir ? Sexuellement parlant bien entendu, avec du boobs à l’air, sinon ce n’est pas rigolo ? Ah bah oui, l’autre ressent la jouissance et se met à gesticuler au sol en gémissant. Nous ne sommes plus dans le grand art ici, nous sommes au-delà, dans des hauteurs stratosphériques.
A côté de ça, qu’avons-nous ? Des acteurs qui jouent comme des pipes, pas aidés donc par le doublage post-prod cité plus haut rajoutant cette impression d’écouter un épisode de Salut Les Musclés. Un festival de costumes hauts en couleurs façon « Qui a l’accoutrement le plus ridicule ? ». Une myriade de looks improbables, avec tout ce que cela implique de moustaches permanentées et de perruques grotesques. Ah ça, ils sont beaux hein, y’a pas à chier, ils sont beaux comme des camions. En fait, ils sont à l’image des effets spéciaux, dégueulasses. Alors nous allons malgré tout faire un distinguo en toute objectivité ou presque. Les effets artisanaux, maquillages, marionnettes, animatronics made in John Carl Buechler tiennent la route pour l’époque, même si on ressent bien la main enfoncée dans le cul de la marionnette de lion ailé, et que voir bien distinctement au niveau des yeux le mec qui se cache sous le costume de singe déjà lowcost acheté à la foir’fouille en soldes, ça discrédite directement pas mal de choses. Mais les effets que nous qualifierons de magique n’ont, eux, absolument rien de magique. Ça sent un peu le jemenfoutisme à plein naseau cette histoire, façon « – Putain Roger ! Le film sort dans quelques jours et on a oublié de mettre les effets spéciaux, la loose ! – T’inquiète John, gratte nous viteuf la pellicule et rajoute un peu de vert immonde à peu près là où il en faut ! ».
Nous avons également des combats. De biens beaux combats ridicules, tantôt pachydermiques, tantôt… Ah non, rien, juste pachydermiques. Des combats que, malgré leur côté badass de la mort qui tue de nos deux héroïnes, bah ça reste des playmates Playboy dont l’unique talent est de se défroquer devant la caméra avec un naturel désarmant, sans le moindre froncement de sourcil. Et donc des boobs, plein de boobs, si possible gratuit de chez gratuit. Corman aime ça, son public aussi, ça fait des guilis dans la quéquette parait-il. Et même de la fesse. Il est beau mon cuissot, il est beau ! Sacré Corman, un vrai poète du 7ème Art.
Avec Sorceress, Corman se lance pour la première fois dans l’heroic fantasy bas de plafond suite au succès de Conan Le Barbare. Le résultat est celui qu’on est en droit d’attendre : nul, mais nanardesque au possible, rempli de scènes WTF et rempli de boobs. C’était vraiment très fun.
Critique originale avec images et trailer : ICI
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 16 mai 2019
Critique lue 609 fois
3 j'aime
Du même critique
Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...
Par
le 31 janv. 2022
22 j'aime
Cela faisait plus de quatre ans que Stephen Chow avait quasi complètement disparu des écrans, aussi bien en tant qu’acteur que réalisateur. Quatre ans que ses fans attendaient avec impatience son...
Par
le 25 févr. 2013
18 j'aime
9
Ceux qui suivent un peu l’actualité de la série B d’action bien burnée, savent que Scott Adkins est depuis quelques années la nouvelle coqueluche des réalisateurs de ce genre de bobines. Mis sur le...
Par
le 3 juil. 2019
17 j'aime
1