Si l'île de Chiloé, au Chili, mérite aujourd'hui une visite, c'est avant tout pour ses pittoresque églises en bois qui témoignent d'une christianisation précoce de cette région où il n'est pas besoin de séjourner longtemps pour en ressentir, confusément, les sortilèges. Le film de Christopher Murray, situé vers la fin du XIXe siècle, illustre le combat entre les colons, ici Allemands, appuyés par les Chiliens, contre les autochtones soupçonnés d'utiliser des pouvoirs magiques. L'histoire de Brujería est simple, la conversion d'une jeune indigène après l'assassinat de son père, mais traitée de manière très atmosphérique, au détriment de ses clarté et logique narratives. Il s'agit évidemment de documenter les exactions des colons et des autorités chiliennes pour assimiler, quand c'est possible, ou détruire, le plus souvent, un peuple considéré comme sauvage, insaisissable et cruel. Le film est assez réussi dans son aspect de réalisme magique et est servi par l'interprétation impressionnante de Valentina Véliz. Il n'a cependant pas la puissance d'évocation de Les Colons de Felipe Gálvez, autre long-métrage chilien aux thématiques voisines et se déroulant dans un temps historique proche.