Soul
7.4
Soul

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Kemp Powers (2020)

Rappelez-vous, jadis, il y a longtemps, le Pixar annuel était attendu avec autant d’impatience que de fébrilité, et parce qu’alors Pixar savait dénicher l’extraordinaire derrière l’ordinaire, et le sublimer à l’écran : des jouets qui s’animent, des insectes qui se rebellent, des poissons qui se cherchent, un petit vieux qui s’envole dans sa maison avec des centaines de ballons… Et puis ça a commencé à péricliter, chez Pixar ; ça sentait la panne d’inspiration, le recyclage à tout va. Et Soul de confirmer la débandade, se contentant de mélanger, en les remaniant à sa sauce (du jazz, un chat et une inversion de corps), les concepts abstraits de Vice-versa et de Coco.


Soit la description d’une espèce de centre de contrôle non plus des émotions, mais des âmes en partance pour la mort ou "en préparation" pour la grande histoire de la vie, et l’exploration d’un au-delà un rien psychédélique pour mieux appréhender le deuil et l’existence. Notre guide, pour l’occasion, n’est plus une petite fille (Riley dans Vice-versa) ni un petit garçon (Miguel dans Coco), mais un professeur de musique féru de jazz (Joe Garner) qui, suite à un accident le plongeant dans le coma, se retrouve "de l’autre côté". Souhaitant ne pas mourir et retourner sur Terre, il est accompagné dans sa quête par une âme récalcitrante qui elle, au contraire, refuse catégoriquement d’être envoyée par chez nous, ayant une vision trop cynique du monde (ça me rappelle quelqu’un…) pour vouloir s’y confronter en vrai.


Le duo, aussi improbable que dissemblable, va devoir s’entraider pour ramener de l’ordre dans tout ça, et apprendre à l’autre ce que pourrait bien être le sens de la (d’une) vie. Le film foisonne de tant d’idées visuelles, scénaristiques et métaphoriques, qu’il ne fait que les survoler ou les perdre dans la masse (c’est qu’il faut pouvoir tout caser en une heure et demie), ne laissant à la fin qu’un sentiment de fouillis et d’inachevé. Si le film brille (sans surprise : on est chez Pixar, à quoi s’attendre d’autre ?) par sa beauté plastique poussée aux confins de la perfection digitale, il peine à ne pas réduire son propos à une leçon d’existentialisme béat que viendra, piteusement, résumer la réplique finale ("Savourer chaque minute de la vie") qu’on dirait empruntée à un fortune cookie ou à Guillaume Musso. En matière de références, y’a quand même mieux.


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mymp
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le 4 janv. 2021

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