Soul
7.4
Soul

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Kemp Powers (2020)

Production d’une grande richesse visuelle aux thématiques nombreuses et ambitieuses, Soul vire malheureusement au conte de Noël plutôt naïf par rapport aux promesses qu’il laissait espérer. En effet la dernière production Disney mise en ligne sur sa plateforme le 25 décembre a su profiter de la faible actualité cinématographique pour dévoiler un projet haut en couleur et en musique afin d’attirer le maximum d’attention aux âmes perdues en ces sombres temps de désert culturel. Outre l’attention qu’il a réussi à capter, le film provoque davantage d’espoir lorsque l’on en voit son sujet des plus sombre, noir, qui déroge à l’univers visuel habituellement innocent de Disney, pour une production qui ne semble pouvoir qu’étonner et bouleverser.
Notre petit écran individuel ou presque nous réjouit alors de pouvoir observer la vie de Joe, passionné de Jazz et professeur déchu de musique qui va pourtant avoir la possibilité de vivre un de ses rêves en étant invité à jouer dans l’un des groupes les plus importants de New-York. Mais voilà pourtant que la mort toque à sa porte et son âme se retrouve alors dans le « Grand avant », endroit métaphysique qui se trouve juste avant le fameux tunnel devant la lumière aveuglante représentant la mort définitive. Joe va ainsi, au travers d’une grande introspection tenter par tous les moyens de retourner sur Terre pour y récupérer son corps et accomplir son rêve de toujours malgré les aléas de la vie, ou d’autre chose on ne sait plus trop.
Quête analytique d’un retour sur soi, métaphysique du but de l’existence, l’œuvre de Peter Docter et Kemp Powers reste cependant une grande déception tant l’essence du film et ses volontés premières demeurent terriblement superflus, éparpillés de toute part et sans réel point de vue vraiment pertinent. Ces sujets passionnants ne profitent pas assez de tout ce qu’offre une production de cinéma et notamment d’animation, par le pouvoir de tout contrôler et une manipulation totale de la réalité. Le film manque d’une véritable direction artistique à la hauteur de l’ambition de l’histoire, les différentes formes imaginaires ne semblent pas toujours coller ou leur dimension visuelle décevante par rapport au rôle qu’on leur colle sans parler de ce qu’ils expriment, beaucoup trop banale.
L’ensemble visuel est par ailleurs attachant, les couleurs et textures très impressionnantes de beauté et d’immersion mais manquant parfois d’une certaine magie que la réalisation ne trouve jamais. L’académisme du découpage, le rythme du film que l’enchaînement des plans insuffle rarement permet trop peu à Soul de toucher, d’attraper une vraie émotion forte qui prend au cœur. Laissant même en dehors, tantôt empathique avec les personnages mais bien extérieur à eux, sans jamais aucun déchirement ou explosion marquante. Les différents personnages nous laissent par ailleurs assez indifférents, l’humour auquel la plupart des productions Disney prennent habituellement part est ici globalement absent mise à part quelques bons moments toutefois très bons. Le personnage de Joe reste assez naïf et ses découvertes sur lui-même n’emballent pas par leur esprit de perspicacité, tous les éléments du film se cantonnent à leur propre existence dans celui-ci sans vraiment parvenir à en sortir.
L’univers se referme sur lui-même et là où la mort dans Coco (autre Disney sorti en 2017) par exemple était abordée par la tradition culturelle et servait de lien entre fictif et réel, Soul est bien moins cohérent, plus éparpillé dans son propos où le film est sans arrêt à courir derrière, donnant lieu à des émotion beaucoup moins fortes. On peut noter d’autre part le même principe dans une autre production Disney avec Vice-versa qui choisit alors de passer par la matérialisation des émotions pour aborder la conscience humaine. Mais avec encore une fois beaucoup plus d’union, de finesse dans le propos, une logique harmonieuse des différentes actions, personnages et conceptions visuelles que n’atteint jamais Soul. On a l’impression au contraire qu’il ne va pas au bout des choses, n’assumant plus ses idées de base au fur et à mesure, laissant une petite frustration pour un concept au départ qui n’a pas tenu ses promesses.

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5

Créée

le 17 janv. 2021

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