Sans complexe ni prétention, Soul Kitchen, feel-good movie typique, veut nous revigorer à grand renfort d'humour, de funky music et de bonne cuisine. Pour ma part, c'est plus ou moins réussi.
La difficulté de ce genre de comédie est d'éviter les automatismes humoristiques (cabotinage ou répétition de gags efficaces). Akin n'y arrive qu'à moitié : au bout d'un moment, ni le boitement de Zinos, ni le surjeu de Bleibtreu et Ünel n'arrivent à provoquer plus que des sourires polis. On rit plus spontanément aux rares gags plus culottés (notamment celui de la contrôleuse fiscale « déculottée »).
Côté personnages, mis à part le héros pince-sans-rire Zinos, la plupart sont inintéressants (Lucia, Nadine, le vieux marin...) ou caricaturaux (Illias, Neumann...) et trop peu creusés. Même le prometteur chef Shayn disparaît rapidement sans qu'on n'apprenne rien sur lui.
♪ Spoiler ♪
L'intrigue, sous prétexte de raconter le parcours initiatique de Zinos, passe par trop de phases finalement presque anecdotiques : dans un premier temps, Zinos doit pour conserver son restaurant, le rendre plus hygiénique et gagner plus d'argent à cause du fisc. Tout est réglé en cinq minutes, bien trop vite, grâce à Shayn. Plus tard, pendant un bref intermède, il perd tout : sa copine et sa Soul Kitchen. On n'a pas le temps de se demander comment il va s'en sortir qu'il a déjà récupéré son boui-boui et une fille moins contrariante que l'autre. Il aura suffi de deux cent mille euros et d'un bouton tombés de nulle part.
À la fin, sans avoir connu de véritable enjeu, on a l'impression d'être passé à côté de l'histoire, ou d'avoir vécu des péripéties beaucoup trop faciles.
En fait, tout est trop facile dans Soul Kitchen, même la seule figure « méchante » : un capitaliste malhonnête voulant écraser les modestes petites gens.
Restent l'originale bande-originale, pas déplaisante, et l'appétit que nous donne le filmage de la bonne cuisine. Un film à la bonne franquette, en gros.