Les biopics s'enchaînent à un rythme effréné, et avant qu'on en arrive au fantastique combat de l'employé de la DDE qui avait paumé sa pelle dans la neige, voici le combat d'une jeune surfeuse qui s'est fait happer le bras par un requin. Sur le papier, ça pouvait paraître intéressant, surtout si l'on aime ce sport, ainsi que la jeune femme, mais malheureusement le traitement est loin d'être à la hauteur du combat en question. Les représailles des pêcheurs qui tuent le requin paraissent idiotes, tout comme le défilé de répliques publicitaires débiles dont « c'est bien si c'est du Rip Curl », ainsi que d'autres servies par la missionnaire qui nous noie dans un océan de paroles évangéliques gravement gonflantes, dont le très cliché « c'est le plan de Dieu », et cela sans compter ses citations carrément sorties de la Bible.
Bethany nous raconte qu'elle a passé sa vie dans l'eau, à surfer, mais du haut de ses 13 ans, elle arrache un bras à l'une de ses Barbies, c'est moi ou quelque chose ne colle pas ? (ceci étant renforcé par le fait qu'AnnaSophia Robb, âgée de 18 ans, interprète son rôle)
Le déroulement du récit est on ne peut plus inconstant, mettant en avant les moments sans importance, et ne faisant que survoler les moments cruciaux, dont son voyage en Thaïlande, où elle ira aider les habitants victimes d'un tsunami, mais qui n'excède pas les sept ou huit minutes, ainsi que l'étude des enregistrements que son frère fait d'elle, afin qu'elle comprenne où elle commet des erreurs.
Bref, Soul Surfer est une oeuvre ambitieuse, mais hélas bien trop clichée, débordante de bondieuseries, et surtout inégale. On regrette amèrement que l'aspect combatif de Bethany ait été sacrifié au bénéfice d'une profusion de scènes mélodramatiques où les protagonistes versent des larmes; c'est lourd, et surtout on a l'impression d'être pris pour des — jeunes — adolescents (cela dit quand on voit la filmographie du réalisateur, Sean McNamara, essentiellement composée de réalisations comme Jonas ou Bratz, on comprend d'où vient le problème, et je ne m'attarderais même pas sur le fait qu'ils aient été sept pour en écrire le scénario).
Dennis Quaid et Helen Hunt écrasent le reste du casting par leur talent évident, bien que leurs dialogues soient eux-aussi éculés au possible.
La dernière partie, qui se passe évidemment lors d'une compétition, façon Karaté Kid, se montre néanmoins efficace, faisant progressivement monter les larmes, et puis là, patatra, Bethany apparaît à l'intérieur du tube par le biais d'une incrustation dégueux, d'effets de fluides en CGI et d'une musique genre Enya, et l'émotion fout immédiatement le camp — BORDEL DE MERDE ! Une nouvelle fois la production se plante et bazarde l'ultime moment qui aurait pu sauver l'oeuvre. On se demande finalement ce que l'on vient de voir, car en définitive tout cela ne ressemblait qu'à un long-métrage qui mélangerait du Disney Channel avec du MTV (sans les putes et la coke, ni même un « F word »), le tout produit par l'église évangélique. Bethany méritait mieux, je vous le dis.
On en retiendra surtout la phrase du début, « la vie est une aventure, et parfois, tu tombes et tu finis dans la zone d'impact », ainsi que le générique de fin, composé de rushes de la vraie Bethany. C'est mince, mais tout le monde n'a pas le talent pour réaliser quelque chose à la hauteur de The Fighter (auquel McNamara emprunte justement ce fameux générique à base de rushes).
Pour conclure, à moins d'être un fan de la surfeuse, ou simplement aimer voir des vagues dans tous les sens, vous ne trouverez pas là la biopic de l'année, mais seulement un produit léger sans grande créativité. Au pire rematez-vous Brice, c'est pathétique, mais volontaire.
Mention spéciale pour la vraie Bethany Hamilton, qui est un bon exemple de la détermination dont peut faire preuve une personne afin de pouvoir aller au-delà de son handicap, et qui plus est un très beau combat de femme. Thumbs up !