Comédie hongroise très étrange.
Dans une usine dont le personnel ouvrier est totalement féminin, le directeur ainsi que le surveillant sécurité/incendie installent un système de surveillance video... dans les vestiaires des employées. Très vite, ce petit rendez-vous quotidien attire la convoitise de personnalités haut-placées ainsi que de nouveaux clients. Mais les ouvrières découvrent l'inadmissible et font grève...
Peter Timar qui a été tour à tour monteur, spécialiste des effets spéciaux, scénariste et réalisateur s'en donne à coeur joie. Dès le départ et tout le long du film il met en scène divers procédés techniques sans doute nés de son expérience de monteur. Pour la plupart des séquences il a fait tourner ses comédiens à l'envers afin de leur donner en lecture inverse une démarche loufoque, pratique qui soulignons-le est suffisamment bien maitrisée pour réussir ses petits effets drôlatiques. Son expérience de monteur est mise également à contribution sur l'étroite association entre musique et montage, donnant parfois une vision syncopée qui réussit la gageure de ne pas malmener le spectateur mais au contraire d'appuyer le ridicule des situations et des personnages.
Car derrière cette sophistication de la mise en scène et l'humour bravache du scénario se cache à peine une véritable critique des systèmes d'exploitation et de surveillance, de la corruption du régime politique qui sévissait encore à cette époque.
Bien difficile pour moi de trouver une filiation à ce cinéma-là. Certaines scènes qui virent aux épisodes de pure farce poético-absurde m'ont fait penser à Mocky. L'aspect amateur de la réalisation, le manque de moyen renforcent ce sentiment de parenté. De même que la transformation des voix de certains personnages (je pense à celle du véto qui titille des aigus impressionnants ou bien celle de la secrétaire).
Un film baroque qui malgré les efforts du cinéaste à nous servir une mise en scène peu orthodoxe repose essentiellement sur quelques numéros d'acteur très appréciables. J'ai particulièrement été enthousiasmé par la prestation d'un Róbert Koltai par exemple au physique et à la gestuelle facétieuse et surtout l'actrice dont j'ai perdu le nom, Judit Németh ou Kati Marton, celle qui joue la secrétaire et qui tout simplement hilarante.
Alligator
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le 2 janv. 2013

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