Super surprise. Sound Of Noise est la première vraie comédie musicale que je vois ; et que j'apprécie à sa juste valeur, du coup. Introduit par un court-métrage avec une bande de musiciens « concrets » jouant dans un appartement, on est d'emblée scié par l'imagination dont a fait preuve le réalisateur pour habiller ces compositions cousues main. D'une pièce à l'autre, chacun donne de son talent pour occuper l'espace sonore et utiliser chaque objet de la pièce à l'avantage d'une composition d'ensemble. Ca donne le ton. Cabotin, espiègle, qui enjoint à suivre ces sales gosses dans leur pérégrination anarchiste. Et le tempo est presque toujours aussi enjoué durant le déroulement d'1h42. Occasionnellement parsemé de creux, de baisses de tension, mais tout s'illumine et pète de mille feux quand la déflagration sonore « intellectuelle » nous explose à la tronche. Esthétique et ingénieuse, chaque pièce de la symphonie appelle à repenser son univers pour percevoir une musicalité que l'on croit réservée à des espaces dédiés et confinés. Quasi-imperceptible, la véritable beauté du son se manifeste dans l'absence de mise en scène de la vie comme dans le bruit produit par ces musiciens inadaptés au conservatoire qui révèrent la mélodie dans son apparat le plus spartiate, exigu et dépouillé. Un taudis de sons enchevêtrés en cadence pour une mélodie qui n'a pourtant rien de bruitiste. Le « Noise » le plus intégriste hérité de l'Electro n'a que très peu raison d'être dans ce film qui privilégie l'admirable métaphore de la main de fer dans un gant de velours. Par l'adjonction des services de batteurs, on se rapproche de l'image répandue du circuit musical commun, en y voyant tout de suite l'expression des racines du Noise Rock qui a déferlé dans les piteuses esgourdes pendant les années 90. Mais SoN est surtout un bel hommage à la musique concrète, bien qu'il ait été froidement accueilli par la presse, qui était en droit de s'attendre à plus qu'une comédie musicale décapante. Car si les nombreux rictus et autres rires francs sont de mise, il est en effet à regretter que le film n'ait pas de scénario à proprement dit, si ce n'est une enquête de police accessoire et une banale histoire d'amour comme fil conducteur. Mais on ne lui en tient pas rigueur, car la fureur de vivre transformée par la fureur du bruit, c'est toute une philosophie de la musique libre joint à un mode de vie refusant l'asepsie qui décollent la rétine et vrillent les tympans des déplorables catéchumènes que nous sommes.
Adrast
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le 19 janv. 2011

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