En 2011, 8 ans après sa condamnation à la prison à perpétuité, le réalisateur français Jean-Xavier de Lestrade retrouve Michael Peterson en Caroline du Nord. L’affaire et le procès qui ont suivi en 2003 avaient donné lieu à un documentaire exceptionnel, Soupçons (8 épisodes pour 6h30 au total). Peterson avait été condamné pour le meurtre de sa femme, Kathleen, qu’il avait retrouvé baignant dans une mare de sang au pied de l’escalier de leur maison. Lui a toujours plaidé l’accident. La justice ne l’avait pas entendu ainsi, à la consternation de son avocat talentueux, David Rudolf. Une condamnation prononcée sans arme du crime ni mobile évident. Mais l’accusé avait une personnalité trouble et le verdict n’a apporté aucune réponse claire dans cette affaire (accident ou meurtre ? ...). Voilà qu’en 2011, un rebondissement inattendu éclate : le principal « expert » qui avait conduit à la condamnation de Peterson, Duane Deaver, est désavoué dans une autre affaire dans laquelle il avait falsifié des preuves innocentant l’accusé qui s’était retrouvé emprisonné pendant 17 ans ! Et la défense de Peterson s’aperçoit qu’il a falsifié de nombreux dossiers, sur la base « d’expériences » et de « reconstitutions » farfelues voire ridicules. A partir de là, Rudolf souhaite obtenir un nouveau procès pour Peterson. C’est ce rebondissement que nous raconte cette 2e partie en 1h30, en nous rappelant le 1er procès (attention : regardez bien la version en VO sous-titrée et non doublée en français). Nous ne dirons rien du dénouement final mais est-ce que ça en est bien un ? Les questions qu’on se posait à l’issue du 1er procès restent toujours sans réponse, la personnalité de Peterson toujours aussi complexe et mystérieuse. En bonus, une interview de 40 mn du réalisateur, très éclairante sur de nombreux points, qui nous raconte les coulisses de son tournage, où en est Peterson en 2011. Pour Lestrade, le principal intérêt de son documentaire est de mettre en évidence le rôle parfois disproportionné de la « preuve scientifique » dans les affaires criminelles, au final toujours manipulée par des hommes et femmes (on le voit à travers le personnage affligeant de Deaver que Lestrade traite d’« escroc » à juste titre). On se dit qu’un Soupçons III serait intéressant pour voir ce que sont devenus les principaux protagonistes 20 ans après la mort de Kathleen (son mari, ses enfants, Rudolf…). Il y sans doute encore de la matière dans cette affaire passionnante.