Toujours une "orientalerie" avec Priscilla Dean sauf que cette fois on devine un budget plus confortable, ce qui se sent immédiatement par des décors et une recréation de l'Algérie plus crédible et moins carton-pâte que dans La Vierge d'Istanbul. Il y a aussi des acteurs plus concernés et subtiles ainsi que moins de clichés colonialistes, sans doute car plus centré sur les soldats.
Dean reprend un personnage féminin en avance sur son temps, positive, fraîche et courageuse qui participe régulièrement à l'action et s'impose comme le moteur de la narration bien que son partenaire masculin soit plus présent à l'écran.
Le scénario, sans être palpitant, est mieux structuré pour des personnages davantage consistants, sans tourner totalement le dos à tous les clichés habituels (le méchant, l'ancien majordome). Si Browning, qui co-écrit tout de même le scénario, ne livre pas encore un film personnel, introduit quelques touches de sadisme qui annonce ses films à venir. Il s’acquitte principalement d'une mise en scène professionnelle, pas toujours dynamique mais efficace quand il faut l'être. Ainsi il accouche d'un suspens final prenant, qui doit beaucoup à Griffith avec sa course contre de la montre désespérée pour un montage de plus en plus nerveux.
Par contre, on perd un peu le charme naïf de la Vierge d'Istanbul.