Le corps est un lieu où luttent le sacré et le profane
Sous le soleil de Satan raconte la soumission de l’homme à Dieu à travers le personnage de l'abbé Donissan, homme qui doute de ses capacités à assumer sa vocation. Le personnage se flagelle jusqu’au sang ou dépose le corps d’une jeune fille morte sur l’autel. Il offre le corps mort d’un enfant à Dieu. Maurice Pialat réalise un film empreint du sens du sacré, où rien n’est dit, tout réside dans une ambiance spirituelle sur la fragilité des relations humaines qui amènerait le personnage, à une réceptivité du divin, même si cela entraîne sa mort. Pialat met en scène la confrontation d’un homme au sacré, il mène à travers ce film une réflexion sur le sacré comme la négation totale de rationalité. Pialat filme ce personnage dans ses tourments. Il est impossible de s’approcher du sacré sans s’approcher de la mort. L’homme est soumis au Dieu qu’il vénère. Le film interroge aussi une religion qui passe également par le corps. Il s’agit de discipliner son corps en se l’appropriant ou en le méprisant, comme lorsque l’abbé s’auto-flagelle jusqu’à crier de douleur. Le corps est un lieu où luttent le sacré et le profane, la fatigue habite de plus en plus l’abbé au fur et à mesure que s’avance le film. Son corps se fatigue alors que sa spiritualité augmente (il est usé par la vie austère qu'il s'impose, harassé de fatigue). Dans ce film ; est montré que peu importe le corps pris de spiritualité, la divinité peut prendre possession du corps. Il devient alors le réceptacle de forces plus ou moins bénéfiques ou maléfiques, tel que montré en particulier dans la scène du miracle : l’abbé ramène à la vie un jeune enfant mort ;le spirituel jaillit du corps mort. Le miracle est présenté alors comme une œuvre de la nature qui dépasse la compréhension humaine. L’homme est soumis à sa religion, et le divin prend place en l’homme lui-même. Le corps est soumis à dieu.