Premier film en costumes de Pialat, première adaptation littéraire de sa part, Palme d'Or très controversée à Cannes (mais on sait combien la controverse fait partie du travail du cinéaste...), "Sous le Soleil de Satan" est en fait complètement fidèle au reste de l'oeuvre du maître : une interprétation pétrifiante, une incroyable intensité des situations... et au final un film magnifique, même quand on n'est pas - comme moi - particulièrement sensible aux doutes de la foi... Il est beau de voir que Pialat ne dévie jamais de sa quête intransigeante de la vérité.
Certes, on peut trouver que "Sous le Soleil de Satan" est austère (Bernanos ne prête quand même pas à rire) et excessivement sec (il s'agit sans doute pour Pialat d'éviter tous les pièges habituels de la reconstitution historique), mais le film s'envole littéralement par la grâce de ses acteurs, tous sublimement stimulés par le "système Pialat", à commencer par lui-même, metteur en scène de la vie de l'Abbé Donissan dépassé par sa création. A noter les quelques trop rares scènes de Sandrine Bonnaire, où elle dépasse déjà la simple actrice "naturelle" de "A Nos Amours" et confirme un potentiel impressionnant. [Critique écrite en 1987 et complétée en 1995]