Helmut Kautner fut probablement un des plus grands cinéastes allemands.
Dans ce film réaliste tourné lors des derniers mois de la guerre (et exempt de toute propagande, comme les autres réalisations du cinéaste), Kautner nous offre une histoire infiniment touchante de deux marins liés par une indéfectible amitié qui tombent amoureux de la même fille. Le sujet a souvent été traité me direz vous, mais pas souvent avec tant de pudeur, de retenue, de délicatesse et de vérité.
Avec de petites touches , le cinéaste nous montre l’incompréhension entre les personnages (les deux types qui n’hésitent pas à occire et cuisiner l’oie, mascotte du bateau, pour l’offrir à leur hôte alors que celle-ci, qui s’était attaché à l’animal est dégoûtée, ce dont-ils ne se rendent même pas compte!).
La façon dont est dépeinte l’amour naissant entre les personnages dans la grisaille de Berlin et sur les canaux tristes qu’emprunte la péniche est infiniment sensible et touchante. La scène où Carl Raddatz souffle sur la mèche rebelle d’Hannelore Schroth( parfaite) est en cela mémorable. L’audace des prises de vue (la course de H Schrott dans l’escalier pour rejoindre l’homme qu’elle aime, les jeux de clair obscur quand l’embarcation sillonne sous les ponts ) laisse admiratif.
Le jeu des acteurs est d’un incroyable modernisme, il s’agit quand même d’un très beau film, loin de la production commerciale de l’époque et d‘une œuvre majeure du cinéma allemand.