"C’est l’histoire d’une grande amitié entre deux amoureuses de l’image, l’actrice Delphine Seyrig et la vidéaste Carole Roussopoulos. Quelques mois avant sa mort (en 2009), celle-ci décide de faire un film sur son amie qu’elle rencontre par hasard lors d’un stage vidéo à Paris. “Inculte comme j’étais, je ne savais pas qui c’était”, explique la réalisatrice. Les deux femmes deviennent très proches et réalisent ensemble plusieurs documentaires sur les luttes féministes des années 70. Avec Chantal Akerman, Agnès Varda ou encore Marguerite Duras, Delphine Seyrig est l’une des figures de proue du mouvement féministe de l’époque. Parmi ses interventions les plus marquantes, on retient celle contre les propos d’un ministre français parlant de “sexualité vagabonde” des femmes… “Je trouve ça absolument méprisant, odieux.
La sexualité des femmes n’est pas plus vagabonde que celle des hommes. Vous êtes tous des hommes, là, et il y a des millions de
femmes en France. Vous vous demandez si on doit leur donner la
liberté, des responsabilités. Comme si nous étions des petites
personnes inintelligentes, des petits chiens qu’on doit promener. On
ne nous donne pas l’autonomie de notre corps”
, rétorque-t-elle.
Armées de leur caméra, les deux femmes créent en 1981 le documentaire Sois belle et tais-toi où des actrices de toutes origines racontent la misogynie des plateaux de cinéma. Des propos qui sonnent aujourd’hui comme un #MeToo d’avant-garde… Carole Roussopoulos décède avant de pouvoir terminer le portrait de Seyrig. C’est sa petite-fille, Callisto McNulty, qui retrace donc ici le combat féministe et l’impertinence des deux femmes dans un documentaire passionnant, prix du public au dernier Festival de films de femmes de Créteil"
(Article dans Moustique)