Sur une base de thriller très classique (un fugitif traqué par le FBI), le film se charge au fur et à mesure de mélancolie et devient une sorte de rétroviseur dans lequel l'acteur et réalisateur Robert Redford se regarde avec lucidité et tendresse. Le film est un puzzle qui se reconstitue en se doublant d'un jeu de pistes qui sillonne le quart nord-est des États-Unis.Il interroge en creux les notions de renoncement, de résignation et de retour à la norme, en invoquant avec hypocrisie et lâcheté les liens de la famille et l'inconscience de la jeunesse. Et, du coup, il manie avec finesse ce paradoxe étrange qui lie optimisme (le happy end incontournable, qui prouve toujours la frilosité des producteurs et l'influence des valeurs maison) et pessimisme (la possibilité même du happy end étant directement liée à l'abandon final et définitif des dernières utopies, le signe le plus tangible qu'on est enfin devenus adulte et vieux). On sait gré au beau blond (qui a, somme toute, de beaux restes) de ne pas jouer les héros et de camper avec modestie et justesse un homme au soir de sa vie, qui fut mouvementée, pensant quelque part à passer le témoin, à sa petite fille qu'il doit élever seul comme au jeune journaliste, opiniâtre et intelligent. En pariant sur la qualité et l'intensité des dialogues, ainsi que sur la rigueur de la construction d'un récit qui sait tenir en haleine, en dépit de quelques longueurs, Sous surveillance demeure un film honnête et prenant. On ne lui en demandait pas davantage.