Jusqu'à présent, de tous les films du Studio Ghibli qui n'ont pas été réalisés par les Père-Fondateurs, un seul se hissait à leur niveau : Mimi o Sumaseba ( Si tu tends l'oreille ). Hélas, son réalisateur est mort tragiquement et il aura fallu attendre près de vingt ans pour qu'un successeur digne de ce nom voit le jour. Quel dommage que ce soit à l'annonce de la fin des longs métrages du légendaire Studio...
Souvenirs de Marnie est un film très riche, très dense. Il parle aussi bien de voyages dans le temps que d'aliénation mentale, de difficultés à s'exprimer artistiquement ou de la découverte de sentiments trop forts.
Anna est une jeune asociale, rongée par un asthme somatique, qu'on envoie loin de Sapporo prendre le bon air de la campagne. Sur place, entre deux repas copieux ( ne voyez pas ce film à jeun ! ) elle se passionne pour un manoir à peine accessible d'où surgit Marnie, mystérieuse blonde aux yeux bleus. Tellement mystérieuse qu'on passe une bonne portion du film à remettre en cause tous nos acquis narratifs. En effet, Yonebayashi fait preuve d'une discrétion et d'une retenue qui laisse le spectateur se poser mille questions et ainsi lentement apprendre à connaitre ses deux héroïnes.
En outre, le film a ceci d'original qu'Anna et Marnie n'ont pas de but affirmé : pas de monstre à affronter, pas de lieu mythique à trouver ou de McGuffin à la noix. Elles vivent une histoire passionnelle, marquées qu'elles sont par le destin, et trouveront en elle la force d'aimer et de pardonner...
La toute fin paraitra trop explicative par rapport à la subtilité de plume du reste du métrage, mais devant tous ces tableaux soyeux d'une nature accueillante et sereine, on s'est laissé bercer et on en redemande.