Capitalistiquement incompatible
Ca partait d'une bonne intention, Enrique, pyromane amateur de son état, se battait pour le commerce équitable, contre les expropriations d'utilité privée, les empreintes génitales (sic) et les impérialistes de la Navy. Ambiance anxiogène sous les palmiers, voix off hypnotique pourfendant le vil capitaliste, dialogues minimalistes; les images parlent d'elles mêmes.
Un film de propagande reprenant toutes les règles de l'art: classes laborieuses, martyr, enfants, naturalisme surjoué, marches et mouvements collectifs à la géométrie parfaite (une coréenne dans le jargon), manichéisme. Malgré cette coulis de bons sentiments on ne peut pas nier l'ingéniosité technique déployée et un grand nombre de plans à couper le souffle. D'une grande maitrise, chapeau bas.
Sur le contenu on constate une grande flexibilité de la propagande qui s'adapte bien aux pays émergents mais qui s'avère être en décalage avec la doxa soviétique originelle: nombreux signes christiques, abondance de ruraux (corrélativement une absence d'ouvriers) et un sentiment nationaliste attaché à la terre (le titre "Soy Cuba" est en lui même évocateur).
La ficelle est un peu grosse, la révolution, son immédiateté glorifiée, ne résiste pas à une réalité sanglante et désastreuse.