Cuba avant Castro
1958, Cuba n’est qu’un terrain de jeux pour les riches américains, la situation avant la révolution vue au travers des yeux d’une jeune femme contrainte à vendre son corps, un paysan en proie à l’expropriation, un étudiant révolutionnaire, et un guerrier castriste.
Un chef d’œuvre longtemps invisible
L’histoire est aujourd’hui bien connue des cinéphiles, tourné en 1963 par le cinéaste géorgien Mikhaïl Kalatozov, pour fêter la révolution Cubaine. Le film à la fois rejeté par les Soviétiques qui le trouvèrent trop poétique et par les Américains qui, en pleine guerre froide, censurèrent le film pour cause de propagande. L’œuvre tomba dans l’oubli avant d’être redécouverte par le romancier cubain Guillermo Cabrera Infante qui la présenta au Festival du film de Telluride en 1992, puis l’année suivante au Festival international du film de San Francisco où elle suscita l’enthousiasme de Francis Ford Coppola et de Martin Scorsese qui en parrainèrent une ressortie mondiale.
Un poème cinématographique
Co-écrit par le poète russe Evgueni Evtouchenko le film est servi par la mise en scène virtuose de Kalatozov et de son chef opérateur Sergueï Ouroussevski. Pour leur quatrième collaboration les deux hommes décident de pousser les mouvements de caméra vers des sommets jamais atteints. Développant des trésors de machinerie encore difficilement explicables, soixante ans après et ce bien avant l’invention de la steady-cam, cable-cam et des caméras légères. Certains plans séquences des deux hommes atteignent de tels niveaux de perfection qu’ils traumatisèrent une ribambelle de cinéastes (de Gaspar Noé et son obsession du plan séquence, à Paul Thomas Anderson refaisant le plan se terminant dans la piscine dans son Boogie Night) inscrivant le film comme l’un des monuments indispensables de l’histoire du cinéma faisant même dire à Martin Scorsese « Si Soy Cuba avait pu être montré au public en 1964, le cinéma du Monde entier aurait été différent »