Space Battleship Yamato, anime culte des années 70, mais peu connu en France, se la joue live-action. Comme d'habitude, on est dubitatif, car les live-actions ne sont la plupart du temps que des produits dérivés, servis par des effets-spéciaux cheaps, interprétés par des acteurs top-models ou stars de la JPop, et réalisés par des débutants. Pour une fois, les Japonais ont vu les choses en grand, et ont choisi de donner toutes ses chances à ce pilier de la japanimation, plutôt que de le saloper comme ils le font avec d'autres classiques.
On retrouve donc des VFX très aboutis, dans la veine d'un Returner (signé lui aussi par le même réalisateur, Takashi Yamazaki), ainsi qu'un casting largement à la hauteur (bien que Takuya Kimura, ait été, dans les années 80, une star de la JPop), et pour finir un réalisateur qui n'a plus rien à prouver (en plus de Returner, il est le papa de la saga Always). Néanmoins, il était difficile de tout condenser en un seul film, et c'est sans grande surprise que la bobine atteint près de 140 minutes. Malgré cette longueur, on ne s'ennuie pas, cela grâce à une multitudes de combats spatiaux bien fichus, et si les personnages ne sont que vaguement développés, leur vie sur le Yamato l'est suffisamment, afin de ne pas limiter l'intérêt du film à ces seules scènes d'action. Ça n'est guère plus dense qu'un Wing Commander III (les trentenaires comprendront), mais tout comme ce film/jeu, la tambouille prend, et nous épargne la multiplication de sous-histoires, comme c'est souvent le cas dans les productions venues du soleil levant.
On y retrouvera tout un tas de références, volontaires ou non (les messages d'adieu rappelant Sunshine, entre autres), mais ça fait surtout vachement plaisir de voir un Space Opera à la sauce nippone, nous offrant des Japonais sauveurs du monde, ce qui nous change de ce dont on est habituellement gavés. Les personnages reprennent les costumes de l'anime, ce qui pourra faire sourire ceux qui ne connaissent pas l'oeuvre originale, mais qui finalement collent plutôt bien aux codes du genre, façon Sakura Taisen, permettant à nos personnages d'être héroïques, sans pour autant en perdre leur élégance (typique du samouraï).
Bref, Space Battleship est une surprise plutôt sympathique, bien que l'on ne puisse s'empêcher de lui reprocher certains défauts. Les personnages ne sont que peu développés, le Capitaine avec sa barbe et son galurin nous fait hurler « mille millions de mille milliards de mille sabords ! », et surtout la bande-originale fait appel à outrance aux cordes, ce qui est certes l'un des basiques du Space Opera, mais dont les thèmes sont trop simplistes et répétitifs, ne dépassant guère le niveau de ceux de Stargate SG1.
Au final on passe outre ces défauts, et l'on aime cette volonté qu'ont les personnages de se battre, de sauver la planète, de tout risquer pour en sauver un seul, ou à l'inverse, se sacrifier pour en sauver un plus grand nombre (cf le sacrifice de Spock). Ça ne vaut pas le meilleur des Star Trek, mais ça dépayse et nous fait voyager dans un univers différent de ceux que l'on a l'habitude de voir, ce qui est quand même l'intérêt principal de la science-fiction intergalactique.
Pour conclure, les amateurs de l'anime devraient y trouver leur compte, tout comme les amateurs de Space Opera, même si le martelage cérébral d'icônes américaines les aient habitués à une vision bien trop codifiée qui risque de les déstabiliser. Ceux qui ne font partie d'aucun des deux groupes sus-nommés ne trouveront aucun intérêt à suivre cette succession de bribes de vies sur un vaisseau spatial et de combats entre chasseurs et cuirassés.
Mention spéciale pour Takashi Yamazaki, qui après sa formidable saga dramatique Always, rassemble ici tous ses talents, que ça soit la réalisation et la supervision des effets-spéciaux, afin de nous servir un blockbuster Japonais pimpant et pas en toc. On espère le revoir sur un autre projet du même genre, bien que ça ne soit pas pour maintenant, puisqu'il travaille sur le troisième volet d'Always. Ganbare Takashi !
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